Les mises en garde du ministère du Commerce relatives à la permanence de l'Aïd El Adha n'ont pas été respectées à la lettre. Au deuxième jour de la fête de l'Aïd El Adha, de nombreux commerces sont restés fermés. Et c'est le même constat comme chaque année. Hier, une longue file s'était formée au niveau de la boulangerie de la cité Coopemad à Aïn Benian. Ici, tous les magasins sont restés fermés, à l'exception cependant de la grande supérette des frères Beztout qui a assuré quotidiennement, y compris les jours fériés, le service, au grand bonheur des consommateurs. Pour pallier l'absence des boulangeries qui ont baissé rideau en fin de matinée, cette supérette a garanti aux consommateurs du pain traditionnel « matloue » pour 30 DA l'unité. Une dame a été chargée par le gérant pour confectionner du pain pour les citoyens qui n'ont pu s'approvisionner auprès des boulangeries spécialisées ce jour-là. Même constat dans les différentes communes du littoral, et ce, malgré les mesures prises par la direction du commerce pour assurer la permanence durant les deux jours de l'Aïd. Dans la commune d'Ouled Fayet, l'allée principale qui abrite des magasins et les commerces en tous genres était déserte. Certains habitants ont dû se déplacer jusqu'à Amara, à Chéraga, pour faire quelques achats auprès de certains commerçants ayant respecté le planning de permanence, mais durant la matinée seulement. De même à Staouéli où les restaurants, qui affichaient il y a quelques jours seulement complet jusqu'à une heure tardive de la nuit, ont fermé laissant l'endroit dans une ambiance morose. Il faut dire que les fêtes religieuses, dans la capitale et la majorité des grandes villes d'Algérie, sont toujours synonymes de privations, en raison du non-respect de certains commerçants qui font fi de l'intérêt général et de la réglementation qui, pourtant, les obligent à ouvrir leurs commerces précisément pendant ces journées. Pour rappel, le ministère du Commerce avait averti que, dans le cas contraire, les commerçants réfractaires seraient sanctionnés. A Baba Hassen et Douéra, le constat a été éloquent. De passage, certains usagers de la route auraient cru qu'ils traversaient des villes fantômes. Où sont passés les marchands de fruits et légumes qui squattaient les abords de cette route ? Qu'en est-il des quelque cafétérias qui grouillaient de consommateurs ? Et les enfants qui traversaient l'ancien chemin à vélo, essayant de rivaliser avec les automobilistes ? Personne n'était au rendez-vous hier. Une situation qui a suscité le mécontentement des citoyens qui ne conçoivent pas de voir les locaux commerciaux fermés. « J'ai dû attendre plus d'une heure devant la boulangerie de l'ancien village de Baba Hassen qui est restée, elle, ouverte la matinée seulement en ce deuxième jour de l'Aïd », témoigne un père de famille. « J'aurais dû acheter, la veille, une grande quantité de pain comme beaucoup l'ont fait », se lamente-t-il. En effet, pour faire face à l'indisponibilité de certains produits de première nécessité dont le lait, beaucoup de citoyens ont pris leurs précautions. Ils se sont approvisionnés auprès des supérettes et des boulangeries pour constituer un stock leur permettant de tenir au moins jusqu'à la fin de la semaine. Ils ont anticipé, redoutant le manque. Boulangeries, restaurants, cafés et épiceries spécialisées en alimentation générale « ferment boutique » en raison de l'indisponibilité des employés, affirment les gérants de ces commerces. « Nous ne pouvons pas obliger les employés à travailler le jour de l'Aïd et les empêcher, aussi, de passer les fêtes avec leurs familles », révèlent certains propriétaires. Pourtant, la loi existe et stipule qu'en cas de fermeture non réglementée du commerce concerné, c'est la fermeture assurée des locaux pendant un mois, assortie d'une amende. En vertu de ce texte réglementaire qui définit les conditions d'exercice de l'activité commerciale, les commerçants sont, donc, tenus de respecter les conditions de permanence durant les jours fériés pour assurer un approvisionnement régulier des citoyens, tant en marchandises qu'en produits de large consommation. Les listes des commerçants concernés par cette permanence ont été arrêtées en collaboration avec les autorités locales, des associations et des organisations activant dans le domaine du commerce qu'ils ont affichées au niveau des places publiques de chaque commune, pour mettre le citoyen au courant des commerces de permanence le jour de l'Aïd. Seulement, la réalité sur le terrain est tout autre.