Diar Ezzor renoue avec la violence. L'armée syrienne est passée, hier, à l'action pour riposter aux attaques du groupe terroriste Daech, qui a profité de la trêve et surtout du raid meurtrier lancé par la coalition contre les forces gouvernementales syriennes, pour tenter de reprendre l'aéroport militaire et des quartiers environnants échappant à son emprise. La bataille de Thourda qui domine l'aéroport présente un enjeu majeur. Son contrôle par Daech pourrait mettre en danger la sécurité des avions du régime et de son allié russe. « L'armée a repris la plupart de ses positions sur le mont Thourda avec une couverture aérienne russo-syrienne. L'aviation des deux pays a bombardé les abords de l'aéroport, des quartiers tenus par les terroristes et la route reliant Deir Ezzor à Mayadine », plus au sud, a annoncé une source militaire à l'aéroport de Deir Ezzor. Les combats ont faits 38 morts dans les rangs de Daech. Si, effectivement, l'organisation terroriste n'est pas concernée par la trêve, les accrocs se multiplient dans la Ghouta orientale, à l'est de la capitale, dans le nord de la province de Hama et de celle de Homs, au centre du pays et à l'ouest, dans la province montagneuse de Lattaquié. Dans la région d'Alep, les camions remplis de nourriture et de médicaments restaient bloqués dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne. Et alors que le Front Nosra, devenu Front Fateh al-Cham, inscrit pourtant dans la liste noire onusienne des organisations terroristes, menace de sévir, le grave incident qui a mis en cause la coalition internationale est venu alourdir un climat de méfiance entre les parrains, russe et américain, de l'accord qui ne tient plus désormais qu'à un fil. La tension est montée d'un cran. Le raidissement est nettement perceptible après les bombardements effectués, samedi dernier, par la coalition internationale qui a fait, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 90 morts dans les rangs de l'armée syrienne. Washington, qui a mis fin à l'opération dès que Moscou l'a prévenue qu'il s'agissait de militaires syriens, exclut toute préméditation. « La coalition ne ciblerait jamais intentionnellement une unité militaire syrienne », a expliqué le commandement des forces américaines au Moyen-Orient. Mais la Russie et la Syrie ont décidé de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité réuni en urgence, samedi dernier. « Nous exigeons de Washington des explications complètes et détaillées, et elles doivent être données devant le Conseil de sécurité de l'ONU », avait déclaré samedi dernier la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. De son côté, Damas veut que « le Conseil de sécurité condamne l'agression américaine et force les Etats-Unis à ne pas recommencer et à respecter la souveraineté de la Syrie ». Ce « mauvais présage », évoqué par l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, met à rude épreuve une trêve que les Russes veulent prolonger de 72 heures en adéquation avec la décision syrienne de geler depuis lundi dernier les opérations militaires pour une semaine. Washington ne dit mot. Cette trêve des dupes semble profiter à Daech et au Front Nosra en allié modéré des Occidentaux.