En dépit des pressions exercées par la communauté internationale sur les parties intervenant dans la crise syrienne, la violence est à son paroxysme à Alep. Ses habitants comptent toujours leurs morts. De nouveaux bombardements aériens ont touché, hier, des quartiers de cette ville, rendant impossible l'acheminement de l'aide humanitaire dans cette ville où équipements médicaux et nourriture se raréfient. Assiégés, les habitants d'Alep sont privés d'aide depuis deux mois et d'eau depuis jeudi dernier en raison de la défection des réseaux de raccordement suite aux bombardements. En quatre jours, le bilan des victimes s'est alourdi. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), il s'est élevé à au moins 128, en majorité des civils. Des dizaines de raids ont visé hier à partir de minuit les zones contrôlées par les rebelles dans l'est de la ville. « Ils se sont intensifiés à l'aube, provoquant d'importants incendies », a indiqué la même source. Parmi les morts figurent 20 enfants et 9 femmes, a précisé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH. En outre, 36 civils ont été tués dans les zones rurales de la province d'Alep, et environ 400 blessés sur l'ensemble de la province, selon lui. Sur le plan diplomatique, les efforts menés de part et d'autre pour mettre fin au cauchemar en Syrie se sont avérés vains. Exprimant sa consternation, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon s'est interrogé : « Combien de temps encore tous ceux qui ont une influence (sur ce conflit) vont-ils laisser se poursuivre une telle cruauté ? » Les grandes puissances impliquées dans cette guerre qui a fait des milliers de morts et fait fuir des populations entières se renvoient la balle. Pour Washington, ce que la Russie soutient et fait (à Alep), ce n'est pas de la lutte anti-terrorisme, c'est de la barbarie. Londres l'accuse de prolonger la guerre dans ce pays, alors que Moscou rejette, directement, la responsabilité de l'impasse sur la coalition internationale conduite par Washington. Fustigeant ces propos, la Russie considère « le ton et la rhétorique des représentants de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis comme inadmissibles et de nature à faire du tort à nos relations ». Les accusations mutuelles et le climat tendu entre la Russie et les Etats-Unis risquent d'influer davantage et négativement sur la crise syrienne. « Un retrait de Syrie des Etats-Unis et de la Russie devraient être considéré si les deux puissances n'arrivent pas à convenir d'un cessez-le-feu », a déclaré, hier, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop. Elle estime que les Etats-Unis et les groupes de la coalition, ainsi que les pays du Golfe, doivent convaincre les groupes d'opposition qu'un cessez-le-feu doit être respecté.