Abderrezak Soufi, chef du département de médecine préventive à l'Institut Pasteur, estime que les collectivités locales ont un grand rôle à jouer dans la prévention et la sensibilisation des citoyens. Une personne mordue par un chien enragée peut mourir si elle n'est pas prise en charge rapidement par les établissements hospitaliers. Si chaque année, environ 60.000 personnes meurent dans le monde de la rage après d'extrêmes souffrances, dont la majorité sont des enfants mordus par des chiens contaminés, en Algérie, les statistiques sont toujours les mêmes. Chaque année, plus de 60 personnes sont mordues par des chiens enragés, errants ou domestiques. Le ministère de la Santé, qui prévoit de célébrer cette journée le 5 octobre prochain à Tiaret, compte présenter des statistiques choquantes sur des personnes décédés suite à des morsures de chiens enragés. Cette année, la rage des chiens a atteint même les régions du Sud, à savoir Ghardaïa, Béchar et Ouargla. Les spécialistes estiment que ce phénomène a tendance à accroître davantage devant le nombre de jeunes qui adoptent des chiens très dangereux comme les pitbulls ou rotteweilers et se baladent dans les rues en leur compagnie sans aucune mesure de sécurité. « Il faut appliquer la loi ! », s'est exclamé le Dr Soufi qui rappelle qu'il est interdit de se promener avec un chien sans muselière. En raison du manque flagrant de fourrières canines et l'intervention saisonnière des brigades canines, l'abattage des chiens contaminés demeure le seul moyen de lutte contre le danger. L'OMS a qualifie la rage de zoonose (maladie transmise de l'animal à l'homme) et a précisé qu'elle se transmet à l'homme par la salive des animaux infectés lors d'une morsure ou d'une égratignure. Elle survient principalement dans des communautés rurales reculées où des mesures de prévention de la transmission à l'homme ne sont pas mises en œuvre. D'où la nécessité de limiter les effets de la rage sur la société à travers l'organisation de campagnes de sensibilisation et de mobilisation des populations sur toute l'étendue du territoire national. Le ministère invite la population à faire vacciner leur animal de compagnie contre la rage, éviter d'approcher, de toucher, de caresser, de nourrir un animal inconnu, errant ou sauvage. Il s'agit aussi d'adopter après toute morsure ou griffure par un animal suspect et/ou dont le statut vaccinal n'est pas connu, certaines mesures comme laver immédiatement et abondamment la plaie à l'eau sous un jet au moins 15 minutes et au savon, puis à l'eau javellisée à 12°. Les consignes du ministère indiquent qu'après rinçage, il faut appliquer de l'alcool ou une solution d'alcool iodée. Pour les muqueuses, un lavage abondant à l'eau est préconisé, indique le ministère, qui conseille de consulter en urgence un médecin dans une structure de santé et de respecter et suivre le schéma vaccinal tel que prescrit par le médecin. Pour mettre à l'abri le bovin des morsures de chiens enragés, les services vétérinaires du ministère de l'Agriculture ont pu cette année vacciner 1,6 million de vaches à travers le territoire national.