Le rôle des Robes noires a été aussi déterminant pour l'Algérie combattante pour son indépendance que les embuscades que tendaient les djounoud aux troupes coloniales ou les manifestations populaires de décembre 1960 à Alger et d'octobre 1961 à Paris, affirme Malika El Korso, maître de Conférence à l'Université Alger 2. La chercheur Lahisco a rappelé que ces hommes du verbe se sont convertis en véritables agents de liaison du FLN/GPRA. « Ils deviennent, alors, la cible facile des services français, la Main Rouge et l'OAS. Des listes d'avocats à abattre circulent et sont mises à exécution. Ceux qui ne tombent pas sous les balles sont inculpés pour contestation de l'ordre public », a-t-elle dit lors de son intervention au colloque international qui se déroule depuis hier à Alger sous le thème «Les Robes Noires au Front : entre engagement et «art judiciaire». Les avocats assassinés lors de la guerre de libération nationale, cités lors de ce colloque sont, Laïd Lamrani, bâtonnier du barreau de Batna tombé en martyr, en 1955, lors d'un accrochage, Malamed Seghir Belbegra, avocat au barreau d'Oran enlevé au Maroc, en 1956, et disparaît définitivement, Ali Boumendjel, avocat au barreau d'Alger, défenestré, en 1957, du 6e étage d'un immeuble abritant un centre de torture, Ameziane Aït Ahcène, avocat au barreau de Constantine assassiné en Allemagne en 1958 par les services spéciaux français, Alphonse Auguste Thuveny, avocat au barreau d'Oran mort en 1958 dans l'explosion de sa voiture, Amokrane Ould Oudia, avocat au barreau de Paris, assassiné devant la porte de son cabinet en 1959, Pierre Popie, avocat au barreau d'Alger, lâchement exécuté par l'OAS en 1961, M'hamed Abed, avocat au barreau d'Oran, assassiné par l'OAS en 1961 et Pierre Garrigues, assassiné lui aussi par l'OAS en 1962. Parmi les avocats inculpés lors de la guerre de libération nationale, on peut citer Me Albert Smadja du Collectif des avocats du FLN qui a assisté au Colloque. Il a été interné avec deux autres avocats, le 13 février 1957, deux jours après l'exécution sous guillotine de leur clients Fernand Iveton, un Algérien d'origine française. « Une dizaine d'autres avocats étaient arrêtés et internés une quinzaine de jours plus tard », a témoigné Maître Smadja. Selon lui, les Robes noires avaient un double rôle à l'époque : la défense et l'aide psychologique et morale. « Ce sont eux qui rapportent les dernières paroles et réactions des exécutés », a dit Me Amar Bentoumi du Collectif des avocats du FLN, avocat au barreau d'Alger. La rencontre tenue en mémoire des Robes noires qui ont noblement exercé leur métier durant la guerre de libération nationale a été également l'occasion de rendre hommage à Abdelhamid Benzine et Ahmed Akkache, qui a commencé sa vie militante très jeune. « Il n'avait que 25 ans lorsqu'il est devenu membre dirigeant au Parti communiste », a souligné sa fille, Fadila, qui a indiqué qu'il appelait à l'époque à agir « pour notre indépendance nationale ». « C'est sur Liberté du 6 mars 1951 », a-t-elle précisé.