« El Mahdi » est le principal personnage d'un livre écrit dans une langue épurée qui ne s'égare pas dans les méandres de la recherche formelle. L'auteur, originaire de Cherchell, qui avait publié ses premiers romans en langue arabe, aborde les sources de la violence chez un jeune imam. Les actes et les idées du personnage se retrouvent en porte-à-faux avec la pratique séculaire et apaisée de l'islam dans notre société. Le jury de l'édition 2016, composé d'écrivains et de journalistes spécialisés algériens et français, a également distingué du prix honorifique, Coup de cœur, « La quatrième épouse » (éd. Casbah) de Kaddour M'hamsadji. L'écrivain de 83 ans a été distingué pour un livre qualifié de « roman d'amour » par son éditeur, qui évoque quatre périodes de l'histoire algérienne (colonisation, guerre d'indépendance, recouvrement de la souveraineté nationale et époque contemporaine), symbolisées par autant d'épouses dans le roman. Décerné depuis sa création uniquement pour des œuvres en langue française, le prix Escale littéraire d'Alger n'a toujours pas prévu de sélection en langue arabe ou en tamazight, faute « de jury et de moyens », a expliqué l'écrivain et membre du jury Akli Tadjer, en marge de cette cérémonie. Celle-ci a été marquée par l'absence de la majorité des auteurs nommés représentés par leurs éditeurs respectifs. Certains n'ont même pas été informés de la date de la cérémonie de remise des prix. L'édition 2015 avait été remportée par l'auteure algérienne Leïla Hammoutène pour « Le châle de Zineb ». Avalanche de distinctions Le 22 octobre, c'est le prix Mohammed-Dib, financé par l'Onda et l'Enag, qui sera décerné à Tlemcen. Le jury est présidé par Sari, professeur à l'université d'Alger et auparavant à l'université de Tizi Ouzou où il a enseigné des années durant à l'Institut de langue arabe. L'homme est connu pour ses nombreux écrits et ses traductions des œuvres de Yasmina Khadra, Malika Mokeddem ou Anouar Benmalek. L'heureux lauréat du prix Dib dont une liste des présélectionnés dans les trois langues a été rendue publique empochera la coquette somme de un million de dinars. Au courant du mois, et en marge du Sila, le très attendu prix Assia-Djebar récompensera également d'autres auteurs. L'Anep en charge du prix a déjà attribué des prix, il y a quelques mois, à des amoureux du livre qui travaillent à sa promotion. Cette avalanche de distinctions qui honore et encourage la création dans toutes les langues en usage dans notre pays est à saluer. Elle rompt avec le désintérêt qui a suivi la disparition de prix comme celui de l'Union des écrivains, des Libraires et des villes, notamment Alger. Celles-ci ont un rôle à jouer dans ce domaine. Cette « générosité » doit concerner aussi d'autres domaines de recherche comme l'histoire qui semble passionner tant, l'économie ou la mise en valeur des richesses du terroir. C'est à ce prix que le travail intellectuel peut retrouver sa valeur et son importance.