Pour la quatrième édition consécutive, le prix de l'Escale Littéraire d'Alger récompensera deux œuvres, le prix de l'Escale Littéraire d'Alger pour le roman et le prix coups de cœur, a annoncé avant-hier le jury de cette compétition lors d'une conférence tenue à l'hôtel Sofitel. Même s'il n'en est qu'à sa quatrième édition, le prix de l'Escale Littéraire d'Alger n'en reste pas moins sérieux, à l'instar d'autres prix littéraires algériens qui disparaissent carrément tels que le prix Assia-Djebar ou encore celui de Mohammed-Dib, ou de L'ivrEscQ…qui pataugent. «Cela fait sept ans qu'on organise des échanges littéraires avec Akli Tadjer. Nous ramenons des écrivains français ici à Alger tels que Jean-Noël Pancraz récemment, et on fait la même chose pour les écrivains algériens qu'on emmène en France pour des échanges littéraires permanents», fera savoir Denis Labayle co-organisateur de ce prix avec Akli Tadjer, tous deux écrivains. Ce prix a pour objectif de mieux faire connaître la scène littéraire algérienne, en Algérie mais aussi à l'étranger. Outre les deux organisateurs de ce prix viendront se joindre à eux plusieurs écrivains et journalistes, dont Nadia Sebkhi, écrivain et directrice de publication du magasine L'IvrEscQ, Youcef Sayeh, journaliste et responsable de la rubrique Culture de la radio Chaîne III, Natacha Boussa, comédienne et auteure du livre Il vous faudra nous tuer, et Hervé Hamon, auteur des Porteurs de valises. La singularité de ce jury est qu'il n'a pas de président : «Nous sommes un jury autonome et libre», fera savoir Denis Labayle. «Tous les membres de ce jury tranchent par passion. Nous sommes indépendants, et de ce fait originaux, comparés aux jurys des prix littéraires en France qui restent pour certains sous influence et appartiennent aux grosses maisons d'édition qui se répartissent le marché», dira pour sa part Hervé Hamon. Et de renchérir : «Tous les écrivains ont besoin de lecteurs, d'argent mais aussi d'amour. Pour ce prix, on découvre les auteurs librement, on en parle avec passion sans pression marketing. J'aurais aimé trouver cette liberté dans mon pays», a-t-il poursuivi. «On a foi en des livres car pour se lancer dans une entreprise comme celle-ci, il faut beaucoup de naïveté», a indiqué Nadia Sebkhi. Des critères bien précis Les critères du prix destiné uniquement aux écrivains algériens (aucune limite d'âge), vivant et éditant leurs ouvrages en Algérie. «Seuls les ouvrages ayant été publiés cette année (de juillet à juillet) entrent en compétition. Les rééditions sont exclues», a révélé Akli Tadjer en soulignant qu'ils ne pouvaient non plus prendre trois romans de la même maison d'édition. «Il y a tout de même un côté arbitraire, et la littérature, c'est de la subjectivité», a-t-il noté. Pour Natacha Boussa, ce prix est une opportunité pour découvrir de nouvelles plumes algériennes. «J'ai découvert au fil de mes lectures une littérature algérienne tonique avec des formes narratives très intéressantes. En France, on est noyé sous une quantité de romans français, et du coup, on lit ce qui paraît ailleurs, et c'est dommage», a-t-elle regretté. À cette occasion, le jury a révélé une première sélection de dix romans en course pour décrocher les prix. On y trouve La traversée du funambule d'Arezki Metref (Editions Koukou), La quatrième épouse de Kaddour M'hamsadji (éditions Casbah) et Aussi loin iras-tu de Junon Lys (éditions Apic) pour ne citer que ceux-là. Une littérature qui reste au balbutiement… Questionnés sur les critères littéraires sur lesquels on se penchera pour attribuer les prix, les membres du jury ont révélé ne pas avoir de critères précis si ce n'est le manque de diversité dans les genres littéraires algériens, tels que le polar qui reste très peu exploité. Ainsi, le jury a regretté le fait de ne pas avoir une véritable rentrée littéraire en Algérie. «L'Algérie n'a pas 600 nouveaux titres qui sortent chaque année ! La plus grande rentrée littéraire chez nous, c'est le Sila (Salon international du livre d'Alger). Cela dit, ce n'est pas l'événement qui booste la rentrée littéraire. C'est les ventes, tout le monde est heureux et c'est tout», a fait remarquer Nadia Sebkhi. «Pour être lu, il faut être vu. Il faut travailler sur la visibilité de la littérature algérienne. Il y a plein de romans algériens qui passent sous silence. Ils ne sont ni vus, ni lus, ni vendus… Et cette situation rejoint celle du cinéma algérien. Des films sont produits, participent dans des festivals partout dans le monde et ils ne sont pas vus par les algériens ; c'est triste», a martelé Akli Tadjer. Soutenu par la commission européenne, ce prix est initié par le groupe hôtelier Sofitel qui a créé, au départ, le prix ‘'Les écrivains voyageurs''. Dans ce contexte, le groupe a envoyé des auteurs, qu'il considère comme importants, dans un Sofitel pour écrire une nouvelle. Et c'est là qu'Akli Tadjer fut sollicité pour écrire une nouvelle sur Alger, parue dans le journal français Le Figaro. Le prix existait déjà au Maroc, A. Tadjer s'est alors penché sur la possibilité d'organiser ce prix en Algérie. Et depuis, ce prix est devenu une distinction littéraire attendue par beaucoup d'écrivains algériens. La cérémonie de remise des prix aura lieu demain à 19h00 au Sofitel d'Alger.