Dans le monde, près de 60 millions de personnes sont privées d'un toit, de leur liberté et contraintes, pour de multiples raisons, de vivre l'errance sous les tentes de la déshumanisation en marche. Dans sa dimension plus dramatique, un hommage est prévu pour la Journée nationale du souvenir des victimes de l'immigration pour commémorer le 3e troisième anniversaire du naufrage qui avait fait plus de 360 morts devant les côtes de Lampedusa, devenue la tombe des migrants. L'île des migrants, à 110 kilomètres de la côte tunisienne, est le symbole de cette tragédie à ciel ouvert qui a transformé le rêve européen en cauchemar indélébile. A Schengen, les pays du Benelux doivent aussi se réunir dans le cadre d'un sommet pour traiter de cette question importante. Elle sera également au cœur des travaux du Comité exécutif du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés qui se tiendra, à Genève, jusqu'au 7 octobre. Présent à la cérémonie d'ouverture, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a tiré la sonnette d'alarme, en appelant à la « fin de la crise de solidarité » des pays les plus riches sous peine d'être jugés par l'histoire. Voici ainsi venir le temps de l'engagement solennellement pris par la Déclaration de New York, adoptée mi-septembre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Cet engament qui peut faire « une vraie différence dans la vie des réfugiés ». Manipulation Mais, la responsabilité collective est quotidiennement battue en brèche par la montée de la xénophobie et, comme le souligne fortement le grave précédent hongrois, le déni de la légalité au cœur même de l'Union européenne en crise de légitimité. De son côté, le haut commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, n'a pas manqué de qualifier « d'irresponsables » les personnalités politiques qui attisent l'instabilité liée à la crise migratoire en Europe. Car, aux sources de la crise humanitaire, les guerres d'invasion néocoloniales ont provoqué l'exil forcé des populations civiles en quête d'un eldorado aux barricades hautement dressées. La crise syrienne a engendré l'une « des situations les plus dramatiques » qui ne laissent pas de marbre le haut commissaire pour les réfugiés qui relève les millions de réfugiés au Yémen, au Burundi et au Soudan du Sud notamment. « Les générations futures jugeront avec sévérité notre incapacité collective à prévenir et à résoudre les conflits et à protéger les gens des conséquences de la guerre », a martelé Grandi déplorant les relocalisations limitées de migrants en Europe. En outre, le large spectre du drame humanitaire se traduit par l'insécurité alimentaire, le changement climatique, les inégalités, l'exclusion et la mauvaise gouvernance qui constituent, selon Grandi, les moteurs du déplacement forcé de plus de 65 millions de personnes. Autre vérité : quelque 90% des réfugiés sont accueillis dans des pays en développement. Tout le reste n'est que pure manipulation des valeurs humanitaires.