Près de 16 millions d'électeurs marocains sont appelés, demain, à élire leurs 395 députés. Près d'une trentaine de partis participent au scrutin, qui s'annonce comme un face-à-face entre les islamistes du Parti justice et développement (PJD), à la tête du gouvernement de la coalition depuis 2011, et les sociaux-libéraux du Parti authenticité et modernité (PAM). Pour le PJD, qui s'appuie sur la classe moyenne et urbaine, l'objectif affiché est clair : « un deuxième mandat » pour « continuer la réforme », avec toujours en arrière-plan le « référentiel » islamique. Le PAM pourfend un bilan « catastrophique » et s'inquiète d'une « islamisation rampante » de la société. Bien implanté en zones rurales et chez les notables, il ne propose pourtant rien de très différent du PJD en matière socio-économique, reprenant le leitmotiv de la croissance. Il se pose en revanche en grand « défenseur des libertés » et de la condition féminine, promettant d'envoyer un bataillon de femmes dans le prochain Parlement. Sur la trentaine de partis, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui a fait une campagne remarquée sur le thème de la « troisième voie ». Le taux d'abstention, de 55% en 2011, sera l'un des enjeux du scrutin, sachant qu'un tiers du corps électoral n'est déjà pas inscrit sur les listes. Ces législatives signent par ailleurs le retour des salafistes, candidats sous diverses étiquettes, dans le jeu électoral La campagne électorale se déroule dans un « climat positif », a estimé le ministre marocain de l'Intérieur, Mohamed Hassad, qui a réaffirmé sa volonté d'organiser un « scrutin intègre et transparent ». Il a évoqué « la mobilisation et la contribution efficace des citoyens ». Hassad, lors d'une rencontre, mardi dernier, avec les dirigeants des partis politiques a fait le point sur le processus électoral. 110 plaintes ont été soumises à l'administration et 77 ont été déposées devant la justice, dont 51 ont été classées sans suite ». En revanche, rien n'a été retenu contre des agents du ministère de l'Intérieur, accusés par plusieurs partis d'être intervenus dans la campagne », a affirmé le ministre. La précampagne avait été marquée par un climat de défiance. Des responsables du PJD ont accusé le ministère de l'Intérieur de partialité et de mobiliser des moyens de l'Etat en faveur du PAM. Ces tensions ont néanmoins baissé avec le début de la campagne, lancée le 24 septembre dernier.