Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a appelé, jeudi dernier, à une trêve humanitaire dans le quartier de Ganfounda à Benghazi. « M. Kobler s'est déclaré extrêmement préoccupé par les rapports selon lesquels les civils dans ce quartier continuaient à être pris dans les tirs croisés et à souffrir de pénuries de nourriture, d'eau et de médicaments », a déclaré le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, au cours d'une conférence de presse. « La trêve humanitaire permettrait d'atteindre ceux qui sont dans le besoin et de créer un couloir sécurisé pour que les habitants qui souhaitent quitter la zone puissent le faire de manière sûre et digne », a-t-il déclaré, ajoutant que Kobler avait souligné que la protection des civils était la première des priorités, et que la Mission d'appui des Nations unies en Libye était prête à prendre en charge cette évacuation. L'envoyé spécial de l'ONU a également souligné que l'usage de civils comme boucliers humains et le lancement d'attaques aveugles étaient interdits par le droit humanitaire international. « De telles violations constitueraient des crimes de guerre, et leurs auteurs auraient à rendre des comptes », a-t-il conclu. Le niet libyen Par ailleurs, la Libye est opposée à l'ouverture sur son sol, par l'UE, de camps de migrants souhaitant rallier l'Europe, une proposition de dirigeants européens pour limiter les arrivées via la Méditerranée, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie libyenne. Un tel projet signifierait que l'Union européenne « refuse d'assumer ses responsabilités et les fasse peser sur nos épaules », a estimé Taher Siala lors d'une réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe à Vienne. L'idée est en outre « très éloignée des réalités du terrain » alors que la Libye est toujours déchirée par une guerre civile, a ajouté Siala. Le ministre a appelé quelques heures plus tard les 28 pays européens à peser de tout leur poids sur les pays d'origine des migrants transitant par la Libye pour qu'ils acceptent de reprendre leurs ressortissants. Kobler a lui aussi estimé qu'il fallait « encourager les migrants qui se trouvent en Libye à rentrer dans leurs pays, et à témoigner pour dissuader d'autres candidats de suivre le même chemin ». Parmi les propositions qui ont été avancées depuis le début de la crise migratoire figure la construction en Libye de camps géants, financés et administrés par l'UE, où les demandeurs d'asile pourraient et devraient déposer leurs dossiers de demande d'asile en Europe, et y attendre un éventuel feu vert. La Libye compte quelque 235.000 migrants prêts à partir pour l'Italie, selon des chiffres avancés par Kobler fin septembre dernier.