Aux affaires depuis 2011, les islamistes lors des les élections législatives de vendredi n'ont pas perdu la première place sur l'échiquier politique marocain. Ils seront reconduits pour un second mandat de cinq ans à la tête du gouvernement. Au terme d'une journée de vote sans incident majeur, mais marquée par une forte abstention et des accusations de fraude, le Parti justice et développement (PJD) a obtenu 125 sièges, selon les résultats provisoires. Son principal rival, le Parti authenticité et modernité (PAM, formation libérale fondée en 2008 par un proche conseiller du roi Mohammed VI et dirigé par Ilyas El Omari), qui se présentait comme un rempart « moderniste » contre « l'islamisation rampante », emporte 102 députés. L'Istiqlal, le parti historique de la lutte pour l'indépendance, arrive en troisième position, juste devant le Rassemblement national des indépendants (RNI). Le parlement marocain compte 395 sièges. Le taux de participation s'est élevé à 43%, soit plus de 6 millions de votants, selon les chiffres donnés dans la nuit par le ministre de l'Intérieur, Mohammed Hassad, après le dépouillement de 90% des bulletins.Le PJD dispose donc d'une confortable avance sur le PAM, et était ainsi sur le point de réussir son pari d'un deuxième mandat à la tête du gouvernement de coalition pour « continuer la réforme », comme il n'a cessé de le clamer pendant toute la campagne. Le Premier ministre Benkirane devrait être reconduit dans son poste. Selon la Constitution, le roi nomme le Premier ministre au sein du parti arrivé en tête des élections. En 2011, le PJD avait remporté une victoire historique, quelques mois après une révision constitutionnelle menée par Mohammed VI. Ce dernier reste le seul décideur sur les questions stratégiques (l'international, la sécurité et l'économie). Bipolarisation Cinq ans au pouvoir n'ont donc pas émoussé la popularité du PJD. Avec un bilan en demi-teinte, ce parti organisé , accusé par ses détracteurs de dissimuler un agenda islamiste dur, s'est bien gardé jusqu'à présent de légiférer sur les mœurs, et a cantonné son action à la sphère économique et sociale. Vendredi soir, le Premier ministre et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, venu rencontrer les militants au siège de son parti à Rabat, a salué « un jour de joie et d'allégresse pour les Marocains ». Le ministre Hassad a salué le « bon déroulement » de ce scrutin « transparent ». De son côté, le PAM a indiqué avoir « soumis une cinquantaine de plaintes » sur des irrégularités, beaucoup visant le PJD. Il s'est dit cependant « très satisfait du résultat » du vote. Ces législatives consacrent la bipolarisation politique du pays.