« Des frappes aériennes très intenses ont visé plusieurs quartiers d'Alep-Est de l'aube jusqu'à vendredi matin », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Ces raids se poursuivent pour la troisième semaine consécutive depuis le début d'une offensive d'envergure de l'armée syrienne pour reconquérir la partie rebelle de la deuxième ville du pays qui lui échappe depuis 2012. Dans la même journée de jeudi , au moins 17 personnes, dont 14 rebelles, ont été tuées et des dizaines d'autres blessées par l'explosion d'une voiture piégée à un poste de contrôle tenu par l'opposition dans la province d'Alep, au nord de la Syrie. « La violence des raids démontre qu'il y a une décision russe pour prendre Alep-Est à n'importe quel prix », a indiqué Abdel Rahmane. Le président Vladimir Poutine ne semble pas prêt à retirer son soutien à la Syrie. Il a ratifié un accord sur le déploiement « pour une durée indéterminée » des forces aériennes russes sur l'aérodrome militaire de Hmeimim », a annoncé vendredi le Kremlin. Signé le 26 août 2015, il permet le déploiement permanent des forces aériennes russes sur cet aérodrome. L'accord stipule également que les forces aériennes russes déployées à Hmeimim sont exonérées d'impôts et de contrôles douaniers. Les militaires russes et leurs familles bénéficient de l'immunité diplomatique. Plus d'un an après le début de son intervention militaire, la Russie continue de renforcer sa présence militaire pour mener des raids aériens, notamment à Alep, malgré les critiques des Occidentaux qui l'accusent de participer à des crimes de guerre. Quelque 4.300 militaires russes ont été déployés et vivent dans leur majorité sur la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié. La base de Hmeimim a accueilli en douze mois bombardiers et avions d'attaque au sol. L'armée russe a également recours à des dizaines d'hélicoptères de combat et des systèmes de défense antiaérienne S-400 déployés en novembre 2015. Elle possède également des installations portuaires à Tartous, dans le nord-ouest de la Syrie, qu'elle va transformer d'ici peu en « base navale russe permanente », a annoncé lundi dernier le vice-ministre russe de la Défense. Cette offensive ne ferme pas la porte aux efforts diplomatiques. Aujourd'hui, des pourparlers russo-américains sur la Syrie. Mais selon des analystes, cette proposition est une manœuvre pour soulager la pression en semblant présenter des alternatives diplomatiques. « Il n'y a pas de changement dans la stratégie russe : l'objectif reste la destruction de la présence de rebelles à Alep », estime Thomas Pierret, expert de la question syrienne. Dans la partie rebelle où vivent 250.000 habitants, plus de 370 personnes, essentiellement des civils dont 68 enfants, ont été tuées depuis le 22 septembre dans les bombardements aériens et d'artillerie, selon l'OSDH. Les Etats-Unis et la Russie, qui avaient « suspendu » il y a plusieurs jours leur dialogue sur la Syrie, ont annoncé deux réunions internationales avec des puissances arabes et européennes : la première aujourd'hui à Lausanne, la seconde demain à Londres. Depuis mars 2011, le conflit syrien s'est internationalisé, provoquant la mort de plus de 300.000 personnes et dévastant le pays. Plus de 13,5 millions de Syriens, dont 6 millions d'enfants, ont besoin d'aide humanitaire, selon l'ONU.