Un porte-avions russe, récemment en visite au port syrien de Tartous La Russie entend consolider de plus en plus sa présence militaire et donc son soutien au régime du président Bachar Al Assad. Tandis que le Conseil de sécurité de l'Onu peine à trouver un terrain d'entente pour voter une résolution pour un cessez-le-feu à Alep qui contente tout le monde et son père, l'armée russe vient de dévoiler la transformation de ses installations portuaires à Tartous, dans le nord-ouest de la Syrie, pour y posséder une «base navale permanente». C'est ce qu'a annoncé hier le vice-ministre russe de la Défense Nikolaï Pankov, cité par des agences russes, en ajoutant que «les documents nécessaires sont en train d'être préparés» à l'adresse des membres de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe qui auront à les approuver. Selon certaines estimations, la présence des militaires russes en Syrie s'élèverait à quelque 4000 auxquels s'ajoutent plusieurs centaines de conseillers, preuve que, depuis son intervention décidée par le président Vladimir Poutine, en septembre 2015, pour préserver la base navale de Tartous des velléités d'attaque des groupes terroristes, qui avaient alors le vent en poupe tant pour Daesh que pour Al Nosra, la Russie entend consolider de plus en plus sa présence militaire et donc son soutien au régime du président Bachar Al Assad. D'aucuns ont cru, en mars dernier, que l'annonce d'un retrait programmé des troupes engagées dans le conflit allait se traduire par un abandon pur et simple de l'armée syrienne face aux cohortes de rebelles et autres factions terroristes. Mais la nouvelle communiquée par Vladimir Poutine concernait en fait un mouvement normal des forces russes pour permettre leur récupération et ce mouvement intervenait alors même que Moscou était en train de déployer les batteries de défense antiaérienne S-300 pour conforter son dispositif tout autour de la base navale de Tartous. Les S-300 viennent s'ajouter aux batteries de défense antiaérienne dernier cri S-400 déployées depuis novembre 2015 autour de la base aérienne de Hmeimim, non loin de Lattaquié, la ville du président Bachar al Assad. Enfin, pour parachever ce redéploiement militaire d'envergure, Moscou a dépêché trois corvettes munies de missiles de croisière en renfort à la flotille déjà présente à Tartous et placé dans les eaux territoriales syriennes le porte-avions Amiral Kouznetsov dont la force de frappe se compose des SU 33, notamment. La stratégie russe obéit à une conjoncture caractérisée par la tension grandissante avec Washington et ses alliés de la coalition internationale, après que les tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à Alep aient échoué. Les deux camps se rejettent la balle, mais force est de constater que les factions rebelles au sein desquelles Fath al Cham, anciennement Al Nosra, affilié à Al Qaïda, joue un rôle déterminant auront tout entrepris pour saper ces tentatives et pousser par la même occasion à une condamnation soi-disant unanime du régime syrien. C'est ainsi que le Front Fateh al-Cham, deuxième plus importante organisation jihadiste en Syrie, a annoncé dimanche dernier qu'il reprenait sous son aile les combattants radicaux de Jound al-Aqsa, un groupe désigné comme «entité terroriste» par Washington dont le refus de cataloguer clairement les groupes d'obédience terroriste et ceux relevant de l'opposition est à l'origine de l'échec des négociations. Ce rapprochement entre Al Nosra et Jound al Aqsa ne fait que confirmer le radicalisme de ce groupe connu pour être inféodé à Al Qaïda, mais dont le changement de nom et la distanciation avec les rivaux de Daesh ne sont pour beaucoup d'experts que de la poudre aux yeux. Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov Les relations entre Moscou et Washington ont subi des «changements fondamentaux» Les relations entre la Russie et les Etats-Unis ont subi des changements fondamentaux, a estimé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Washington a unilatéralement commencé à dégrader ses relations avec Moscou bien avant la crise ukrainienne. Il est désormais temps d'admettre que les relations entre les deux pays ont subi des changements fondamentaux», a déclaré M.Lavrov, dans une interview dimanche soir à la chaîne russe ORT. M.Lavrov a expliqué que la politique de Washington envers la Russie est basée sur une «russophobie agressive» dont les conséquences nuisent, a-t-il dit, aux intérêts nationaux de la Russie et menacent sa sécurité. «L'attitude de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique-Nord) et de ses infrastructures militaires le long de nos frontières, le déploiement d'armes lourdes américaines et les sanctions constituent l'expression d'actes inamicaux, je dirais même hostiles», a souligné le chef de la diplomatie russe. Début octobre, Washington a suspendu ses négociations avec Moscou sur la reprise du cessez-le-feu en Syrie, en raison du soutien de Moscou au gouvernement syrien dans son combat contre les groupes armés à Alep (nord-ouest) de la Syrie. En réaction, la Russie a appelé à la suspension de plusieurs programmes de coopération avec les Etats-Unis dans les domaines du nucléaire et de l'énergie.