Fait inédit : la France et la Grande-Bretagne, qui comptent parmi les partisans de la ligne dure, n'ont pas été cette fois-ci conviées. L'opposition syrienne est également exclue du rendez-vous helvétique. « Ne pas nous inviter à ce type de réunion ne fait que compliquer la situation et brouiller les cartes », a déclaré le vice-président de la Coalition de l'opposition syrienne, Abdel Ahad Stefo, dénonçant, depuis la réunion de Genève, en 2012, « l'absence des Syriens et le monopole américain et russe ». Sans surprise, le régime de Bachar El Assad ne sera pas aussi de la partie. Il est désormais clair que la guerre en Syrie met en jeu des stratégies mondiales et régionales de domination, dans un pays à feu et à sang. Faut-il pour autant s'attendre à une avancée significative ? C'est dans un climat de tension accrue, particulièrement perceptible lors de la dernière session du Conseil de sécurité où, le 8 octobre, la Russie a usé de son veto pour bloquer un texte présenté par la France qui appelait à une cessation immédiate des bombardements sur Alep, que Washington et Moscou vont reprendre langue. Le pessimisme est de rigueur. « Je ne m'attends pas à une annonce majeure à la fin de cette rencontre. Cela va être un processus très difficile », a souligné un responsable américain qui accompagne le secrétaire d'Etat John Kerry. « Je n'attends rien de spécial », avait lancé, de son côté, vendredi dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. L'enjeu porte sur l'évacuation des combattants de Fatah al-Cham d'Alep, poussés dans leurs derniers retranchements. Selon plusieurs sources, leur départ sécurisé fait l'objet d'un plan proposé récemment par Staffan de Mistura. Quatre ONG internationales, dont Save The Children, ont appelé les négociateurs de Lausanne à établir un cessez-le-feu d'« au moins 72 heures » à Alep, pour permettre l'évacuation des blessés et l'accès de l'aide humanitaire. A Alep, la bataille décisive, qui annonce la défaite devenue inéluctable des groupes terroristes, inquiète l'Occident perdant une carte de pression destinée au renversement du régime de Bachar El Assad et affaibli dans la recomposition de l'équilibre régional. La progression de l'armée syrienne, maîtresse du terrain, conforte Bachar Al Assad qui, dans un entretien au quotidien russe Komsomolskaya Pravda publié vendredi dernier, a affirmé qu'il utiliserait une victoire à Alep comme « tremplin » pour prendre d'autres bastions rebelles. A quelques heures de l'ouverture de la réunion, les quartiers est d'Alep, sous contrôle rebelle, étaient de nouveaux soumis à des raids intensifs, notamment ceux de Hanano, al-Mayssar et Inzarat, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Assurément, Alep est la clé de la crise syrienne.