Al Nosra et les rebelles interdisent le départ de la zone Est d'Alep Le président Bachar al Assad a démenti jeudi sur une chaîne de télévision danoise le bombardement d'infrastructures hospitalières dont a fait tapage la presse occidentale. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est penché hier sur la situation dans les quartiers rebelles assiégés d'Alep, où l'armée syrienne poursuit chaque jour sa lente progression. La Russie, qui soutient militairement l'offensive du régime contre les insurgés à Alep, a demandé une réunion d'urgence pour examiner le rapport de Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, qui a vertement critiqué Moscou en tirant la sonnette d'alarme sur la crise humanitaire aggravée que représente une destruction totale des quartiers rebelles au cours des prochains mois. Appuyée par l'aviation syrienne et russe, l'armée du président Bachar al Assad a engagé une offensive depuis deux semaines pour en finir avec les forces rebelles à Alep devenue un front stratégique décisif pour la suite des évènements. Evalués à environ 9000 combattants dont un millier pour le compte de Fath al Cham, ex-Al Nosra, un groupe appartenant à Al Qaïda, les rebelles ont été appelés par Damas ce jeudi à quitter leurs positions pour soulager la population prise en otage, 250.000 habitant dont plus de 80.000 enfants. Un appel resté évidemment sans réponse, les forces de l'opposition comptant sur la mobilisation de la coalition internationale pour renverser la situation en leur faveur. Les informations de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé à Londres) font état de cette progression rapide des troupes syriennes qui a concerné les quartiers de Cheikh Saïd, Salahedine, Boustane al Bacha et Souleimane al Halabi. Les mêmes indications évoquent un nombre de plus en plus accru d'habitants qui quittent la zone est d'Alep, répondant ainsi aux appels continus de l'armée qui met en garde contre les conséquences de bombardements qui vont reprendre en intensité dans les prochains jours. Malgré la peur des représailles et les tentatives de dissuasion des pays de la coalition qui veulent minimiser ces départs, gage d'une défaite annoncée des groupes rebelles toutes obédiences confondues, ces réactions montrent que la population est bien l'otage du bras de fer qui se joue à Alep. Le président Bachar al Assad a démenti jeudi sur une chaîne de télévision danoise le bombardement d'infrastructures hospitalières dont a fait tapage la presse occidentale, reprenant une série d'accusations allant de la «barbarie» aux «crimes de guerre», ainsi que la restriction de l'aide humanitaire destinée aux civils. Il a cependant confirmé la détermination de son gouvernement à éliminer la menace terroriste en Syrie et donc à Alep, quelle que soit son appartenance, Daesh ou Al Nosra, entre autres. Et s'explique alors le différend qui oppose le clan Moscou-Damas-Téhéran au clan de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis et comprenant notamment la Grande-Bretagne, la France et les pays du Golfe (CCG). En déclarant interrompre les discussions avec la Russie, les Etats-Unis ont donné l'opportunité à la France de s'essayer à un rôle qui tient du costume trop grand pour sa diplomatie! Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères était jeudi à Moscou et hier à Washington pour tenter de préparer une réunion du conseil de sécurité de l'ONU destinée à imposer une trêve à Alep. Mais Paris s'est trop avancé sur le terrain miné de la partialité dans ce conflit pour pouvoir prétendre à une démarche de conciliateur et, de surcroît, ses condamnations répétées de la Russie dans le dossier ukrainien et de Bachar al Assad «qui n'a rien à faire en Syrie» (sic) situent pleinement l'inanité de son initiative. Poliment, la Russie a donc accepté de l'entendre, tout en sachant d'emblée à quoi s'attendre. Car, fébrilement, on se prépare à Washington et au sein des pays membres de la coalition à une nouvelle liste de sanctions frappant d'autres responsables russes et syriens, faute de pouvoir brandir des moyens moins orthodoxes...