L'armée syrienne surveille la zone d'Alep Ainsi, il se confirme de jour en jour que l'option du dialogue politique revient au goût du jour après des années de guerre, de massacres et de destructions. Aussitôt annoncée, la mort de Zahrane Allouche, chef de la milice Jaïch al Islam, proche de l'Arabie saoudite, suite à d'importantes opérations de l'armée syrienne dans la périphérie de Damas où sévissait ce groupe de rebelles au régime de Bachar al Assad, on apprend que les principaux responsables ont désigné son remplaçant quelques heures à peine après la mort d'Allouche. Le nouveau chef, Abou Hamam al-Buwaydani, un combattant de 40 ans, devrait poursuivre le travail de son prédécesseur qui avait approuvé la tenue de négociations inter-syriennes sous l'égide de l'ONU. Si d'aucuns avaient cru parier sur les conséquences néfastes de la mort de Zahrane Allouche, 44 ans, preuve est donnée que la politique des groupes rebelles est tracée par leur mentor et que leur décision n'influe guère sur les choix et les objectifs tracés par les grandes puissances. C'est d'ailleurs ce qui ressort de l'annonce faite hier par le médiateur de l'ONU Staffan de Mistura selon laquelle il va «intensifier ses efforts» en vue de réunir les parties concernées par les pourparlers de paix autour de la table de négociations au plus tard le 25 janvier prochain, à Genève. Ainsi, il se confirme de jour en jour que l'option du dialogue politique revient au goût du jour après des années de guerre, de massacres et de destructions. Le régime du président Bachar al-Assad a confirmé jeudi dernier qu'il est prêt à prendre part à ces négociations, tout en précisant qu'il attend de connaître le nom des groupes qui vont composer la délégation de l'opposition. Une demande cruciale parce qu'elle suppose que les exigences de Damas qui considèrent certains de ces groupes comme terroristes alors qu'ils sont affublés par la coalition. Une question cruciale puisque Damas qualifie de «terroristes» tous les groupes qui combattent le régime, ne voulant faire aucune distinction entre eux et le Front Al Nosra ou Daesh. La dernière réunion à New York, dans le cadre du processus dit de Vienne, sous la houlette des Etats-Unis et de la Russie, a débouché sur la résolution du Conseil de sécurité fixant les modalités de retour à la paix en Syrie mais sans examiner en profondeur cette divergence patente. Jaich al-Islam, le mouvement rebelle de Zahrane Allouche, avait participé le 10 décembre, à Riyadh, à une réunion des principaux groupes de l'opposition. Les groupes rebelles avaient alors confirmé leur accord pour des négociations, mais ils ont encore appelé au départ de Bachar al Assad afin de permettre la mise en oeuvre d'une période de transition. La mort de Zahrane Allouche va-t-elle compromettre, comme le souhaitent certaines parties, la feuille de route adoptée le 19 décembre par les 15 membres du Conseil de sécurité pour trouver une solution politique au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de déplacés? C'est faire peu de cas de la détermination des grandes puissances qui ont mis en branle le processus devant aboutir à un cessez-le-feu, la mise en place d'un gouvernement de transition et des élections dans les 18 mois qui suivent. Groupe salafiste hostile à l'Etat islamique, Jaïch al Islam a changé récemment de rhétorique, pour pouvoir rester partie prenante des négociations. Compte tenu des pressions accrues que l'armée syrienne exerce depuis quelques semaines sur les groupes rebelles et surtout les positions de Daesh et d'Al Nosra à Damas, il a tout intérêt à adopter un profil bas s'il veut subsister dans la zone est de la capitale syrienne constamment bombardée par les troupes de Bachar al Assad. Celles-ci ont réussi à tuer Zahrane Allouche après des raids couronnés par le tir de quatre missiles sur une bâtisse abritant une réunion secrète de dirigeants de plusieurs groupes islamistes. Plusieurs dizaines de chefs et des gardes du corps ont été tués, dont 12 appartenant à Jaich al-Islam et sept à Ahrar al-Cham, un autre important groupe rebelle. Cette frappe intervenait au moment où un accord inédit devait permettre l'évacuation de 4000 jihadistes de l'EI, du Front Al-Nosra et des civils du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk et des quartiers voisins de Qadam et de Hajar al-Aswad, dans le sud de Damas. Signe que les bombardements intensifs de ses positions commencent à affecter Daesh qui tente de se redéployer pour échapper à l'étau double des attaques de la Russie et de la coalition conduite par les Etats-Unis.