Parlez-nous de ce nouveau-né... C'est une fiction basée sur des faits historiques, écrite entre 2001 et 2005. Elle retrace la vie quotidienne et les pérégrinations d'une famille juive au XIIe siècle à travers les villes de Segelmassa, aujourd'hui disparue, Fès, Tlemcen et Alger, durant la période ottomane, jusqu'à l'indépendance. Dans l'introduction, je démontre l'influence de la langue berbère sur la religion hébraïque et ses liens avec la civilisation égyptienne. Dans la Thora, lorsque Yahvé (Dieu) s'adressa pour la première fois à Moise dans le Sinaï, Il lui dit : « Anekhi Yahvé, Aléhoka », Je suis Yahvé ton Dieu ». Anekhi veut dire en berbère : « Je suis ». D'ailleurs, tous les grands égyptologues s'accordent à reconnaître une très forte dominance du parler berbère dans l'Egypte pharaonique. Pour ce qui est du second point, les Egyptiens se sont définis depuis la nuit des temps par référence au berbère : Misra : c'est-à-dire Miss : fils de Râ, Râ étant le dieu soleil né de l'océan primordial, Amen qui signifie en berbère, les eaux... Quelles sont vos sources ? J'ai lu de nombreux livres à commencer par la Thora (l'Ancien Testament) et des livres d'histoire traitant de la religion, de la communauté hébraïque et de ses liens avec la communauté musulmane à travers les siècles. J'en ai fait une synthèse mixée dans ce roman. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ? Je n'ai pas rencontré de difficultés pour l'écriture. J'ai travaillé la nuit pour principalement combattre mes insomnies au début... Dans cet ouvrage, vous cassez un tabou... L'Algérien n'aime pas les tabous. Notre peuple est courageux et il aime les défis. Le combat de nos martyrs durant la guerre de libération en est un parfait exemple. Vous êtes le frère de l'historien et archéologue Abderrahmane Khelifa. A-t-il lu votre livre ? Et qu'en pense-t-il ? Il a lu l'ouvrage et l'a trouvé intéressant sur le plan historique et linguistique, notamment dans les rapprochements faits entre la langue berbère et la religion hébraïque et la civilisation égyptienne. Vous êtes avocat de profession. Comment conciliez-vous votre métier et l'écriture ? Etre avocat et écrire n'est pas incompatible. Tous les avocats sont des écrivains lorsqu'ils rédigent leurs conclusions. Pour ma part, j'écris de temps à autre en dehors du domaine juridique pour chercher un peu d'air frais car la profession d'avocat est très difficile et contraignante. Il faut avoir des nerfs d'acier et un cœur solide pour faire face à cet univers. Nous sommes donc toujours dans le défi... J'ai publié dans El Watan de nombreuses contributions dans le domaine de la politique internationale, notamment sur la Palestine. Pourquoi contrairement aux juifs les musulmans s'avèrent impuissants ? Les premiers appliquent l'un de leurs 613 commandements : étudier. Nous ignorons par contre Iqra (Lis !). La première recommandation du Coran. Pourquoi la religion est-elle au cœur des préoccupations des écrivains ? Dieu est pour l'homme ce que l'eau est à la vie. Les écrivains sont comme tous les hommes. C'est la raison pour laquelle on peut trouver, systématiquement, au détour d'un roman, la référence à Dieu, aux religions. Comptez-vous récidiver avec un autre livre ? J'espère que j'aurai le courage de le faire, dans un tout autre registre. Allez-vous participer au Sila ? Je suis prêt. Cela va dépendre de la maison d'édition.