Photo : Fouad S. L'équipe de notre quotidien a feuilleté jeudi avec intérêt et émotion une nouvelle page de l'Histoire. Journalistes, secrétaires, techniciens, documentalistes ou chauffeurs, ils étaient là. En présence de nombreux invités, dont le ministre de la Communication, M. Nacer Mehal, une cérémonie, placée sous le Haut patronage du président de la République, conviviale et chaleureuse, s'est tenue au musée du Moudjahid de Ryadh El Feth. Notre quotidien, honorant une tradition établie depuis quelques années, a présenté un nouveau numéro hors série. Il est consacré cette fois-ci aux femmes qui ont milité dans les rangs du Malg (Ministère de l'Armement et des Liaisons générales). Des jeunes lycéennes qui prêtèrent l'oreille à l'appel qui sourdait des entrailles de la patrie blessée. La directrice du journal a rendu d'emblée hommage «à ces héroïnes qui ont forcé le destin et qui par leurs sacrifices ont fait l'histoire». Mme Abbas a souligné ensuite «l'anonymat où elles ont accompli leur devoir et la discrétion qui caractérise ce genre d'organisations». Contrairement en effet à d'autres illustres moudjahidate, peu a été dit et écrit sur cette dizaine de militantes concentrées dans la wilaya V. Une sorte d'épopée oubliée du temps et des hommes. Elles étaient là, élégantes malgré le poids des années, suscitant le respect et l'admiration d'une assistance où l'on pouvait remarquer la présence de nombreux confrères des quotidiens publics et privés. Des membres d'associations comme Machaâl Echahid ou l'ANMALG ont pris place dans la salle. On notait également la présence de responsables d'institutions publiques et de deux sénatrices, Mme Zahia Benarous et Mme Kesri Rafika. A l'image de M. Medjdoub, secrétaire général de l'ANALMG, association née en juillet 1990 pour regrouper les moudjahidine de cette structure, tous les présents ont loué le travail accompli par l'équipe du journal Horizons pour conforter la mémoire nationale. Accompagné de deux membres actifs de l'association, en l'occurrence l'aviateur Abdelli et Bentellis, M. Medjdoub s'est dit content «d'une initiative qui rappelle les sacrifices de la femme algérienne qui a milité sur tous les fronts». Chacun a salué l'initiative du journal qui, comme le fera remarquer le ministre de la Communication, «assure cette transmission de la mémoire entre les générations». M. Mehal s'est dit honoré de marquer de sa présence cet événement. Il n'a pas pris la parole car «il faut, nous a-t-il dit, se reléguer à l'arrière-plan de ceux qui ont réalisé ce projet et qu'il faut saluer». COMBAT CONTRE L'AMNESIE M. Mohammed Debbah qui a rejoint le maquis au lendemain de la grève du 19 Mai 1956 a évoqué le contexte historique qui a conduit à la naissance du Malg. Cet officier des transmissions a expliqué l'importance de la bataille des ondes pour surveiller les mouvements de l'ennemi et contrer sa propagande. Il a relaté l'évolution du matériel des transmissions et les fonctions de ce service vital qui, à partir de centres d'écoute, permettaient de renseigner les unités de l'ALN. Il a mis également en exergue l'action de formation et le rôle de Abdelhafid Boussouf dans la mise en place des structures. Des cadeaux ont été ensuite remis aux femmes dont les témoignages ont fourni la matière de ce hors série. Dans une ambiance de joie, entrecoupée de youyous, Rachida Miri, Yamina Chellali, Aouali Ouici, Khadidja Brikci se sentaient renaître. Invitée à prendre la parole, Mme Rachida Miri a rendu hommage à ces femmes des douars citant Kheïra la paysanne qui, raconte-t-elle, «un jour, où la rivière était en crue, elle nous a fait traverser hommes et femmes sur son dos». Elle a associé dans une même pensée, émue, deux contrôleuses du Malg, qui de retour d'une mission dans les maquis de la wilaya V, tombèrent au champ d'honneur. Khadidja Chellali et Aouicha Hadj Slimane ne furent pas oubliées et leurs mémoires ont été honorées pour l'occasion. Mme Miri ne s'est pas étalée sur les faits d'armes de ces femmes de liaison qui furent, dit-elle, joliment «les ancêtres du portable». Elle s'adressa à l'assistance et aux jeunes «pour ne jamais oublier le million et demi de martyrs qui se sont sacrifiés pour que l'Algérie vive libre et indépendante». En ce jeudi, pour les femmes et pour l'histoire, Horizons a été fidèle. Les premières ont pris une part importante pour assurer la seconde. Loin d'être des actes répétitifs, ces numéros de Horizons où l'on pense déjà au prochain, n'ont pour ambition en ces temps d'amnésie entretenue que de raviver les tisons de la mémoire. Ce n'est qu'en valorisant les Hommes et les lieux de l'histoire que toute Nation conserve son âme.