L'œuvre est une tragédie de William Shakespeare, probablement écrite en 1599 et publiée pour la première fois en 1623. Montée pour l'ouverture du Globe Theater à Londres, elle dénonce sans réserve la théorie du complot en racontant l'histoire de la conspiration contre Jules César, son assassinat et ses conséquences. Après vingt jours de travail persévérant, la production tant attendue au niveau local a enfin vu le jour. Pendant 75 minutes, les sept comédiens qui ont interprété les rôles ont été à la hauteur et ont pu retenir le public assez nombreux à se rendre au TNA. La tragédie scindée en onze tableaux a vu la participation de sept comédiens, notamment Hamza Boukir (César), Hamza Michmich (Brutus), Farouk Mihoubi (Octave) et Malek Fellag (Marc Antoine ). Le travail d'Okbaoui Cheikh a consisté à traduire, d'abord, le texte en tamazight. Il est sorti du carcan classique en l'algérianisant, et en l'adaptant au théâtre moderne et expérimental, voire même le new classique. La projection en data show d'un jeu d'échecs a fait office d'un décor, ce jeu illustrant parfaitement l'intelligence et les ruses utilisées pour renverser un régime politique. Le metteur en scène s'est basé aussi sur certains passages chorégraphiques exécutés dans le premier tableau. Les chorégraphies signées Abdessamed Sedouki, suggéraient le protocole de la cour impériale ou des scènes d'affrontement. La scénographie, proposant un échiquier tracé sur la scène et reproduit sur un petit écran bordé de part et d'autre par des pantalons qui ont suggéré les piliers en marbre d'un royaume, répondait à l'intrigue basée sur le rapport de force entre l'empereur et ses serviteurs malveillants. L'éclairage feutré inspirant la manigance et le complot, ainsi que la musique solennelle faisant retentir le son imposant des cuivres propres à l'ambiance des royaumes, ont également bien servi la trame où les travers de l'être humain furent explorés. Pour Okbaoui Cheikh, « la pièce de Shakespeare évoque un contexte peu différent de notre époque. Cela a été dernièrement observé en Turquie avec l'échec d'une tentative de coup d'Etat menée par des militaires ». Tamazight mise en valeur L'association a rendu un vibrant hommage à William Shakespeare dans le cadre de la commémoration du 400e anniversaire de sa disparition. Par ailleurs, le metteur en scène a déploré « le manque d'aide et de subvention pour la réalisation du spectacle ».La pièce sera probablement jouée en ouverture du Festival de théâtre amazigh de Batna puis au Festival du théâtre shakespearien prévu en Arménie en décembre prochain. Les dialogues au rythme soutenu, ont été efficacement traduits par Hamza Boukir qui explique que l'œuvre de William Shakespeare « explore les sentiments humains » et que par cette réécriture, il entendait mettre en valeur, à l'instar d'autres spectacles classiques montés en tamazight par d'autres troupes, « l'aspect universel de cette langue officielle ». Présente à la représentation, la femme de lettres Djoher Amhis-Ouksel nous a fait part de son bonheur. « Le Théâtre régional de Béjaïa fournit, grâce notamment à notre ami Omar Fetmouche un travail colossal. Je félicite cette nouvelle expérience dans le théâtre en tamazight. » Okbaoui Cheikh est un comédien issu de la wilaya d'Adrar. Il obtient son diplôme de l'ISMAS, en 2014. Il a mis en scène plusieurs pièces de théâtre en arabe et en tamazight qui ont obtenu plusieurs prix à l'étranger, notamment « El hob el moumnoue » en 2008, « El djidar » en 2013, « Azouzen » en 2014, « Halt hob » en 2016.