Pour les apprécier, l'artiste donne rendez-vous au grand public et à ses fans ce 15 octobre à partir de 19 h à la salle Ibn Zeydoun de l'OREF (Office Riadh El Feth) à l'initiative du ministère de la Culture. C'est incontestablement l'un des plus grands ambassadeurs de la chanson authentiquement oranaise. Depuis le début des années 1980, il aura laissé une empreinte indélébile dans le cœur et l'esprit des mélomanes des sonorités avec un tantinet séculaire air bédoui, terroir garanti. Et quel entrée fracassante alors lors d'une scène et pas des moindres, le festival du raï, deuxième du nom, qui s'est déroulé à Annaba après la première édition à Oran qui a vu naître ce genre musical qui n'aura pas duré le temps d'une rose, il faut en convenir. Une découverte véritable alors pour le public de l'Est en ce début septembre de l'année 1986 aux côtés d'autres vedettes, à l'image du King Khaled. La voix de Benchenet porte, plaît et séduit. Sortie des ambiances voluptueuses des cabarets qui a vu bien des grands y exercer leur talent avant de connaître la gloire des scènes publiques officielles. Benchenet artiste, né dans cette tourmente du raï qui déplaît, offusque et scandalise même, a su tirer son verbe tout naturel et droit du tabou qui a entouré cette musique que l'ont dit à fausse mesure, qu'elle vient des bas-fonds, oubliant par là la racine de ce mal arraché du raï t'rab, chanté et déclamé par le monde rural, pour conter un quotidien pas toujours fait de bonheur et de bien-être... Ce sont les chyoukh d'ailleurs qui signent cette poésie chantée (chiir el malhoun) transmise par l'oralité. Benchenet, qui s'est mis dans l'idée de chanter lui aussi, s'est interdit de tomber dans la facilité du rythme endiablé, des mots juste bons pour la rime... Un nom à préserver, d'autant qu'il s'est soustrait aux noms d'artiste flanqués du cheb dont il s'est toujours départi. L'avenir lui a donné raison, puisque, aujourd'hui, il n'est nul besoin pour lui de se débarrasser de cet attribut à la cinquantaine bien entamée. Même si éternellement jeune, Houari le demeure. Oui, parce que Houari a su, jeune et tôt, plonger dans le patrimoine auquel il allie cette prestance juvénile. Au point où dans ses prestations, il a cet accent rural que seul un authentique fils du terroir fait sortit malgré lui. Ce qui lui vaut aussi la singularité du chant et de la voix. La voix qui ravive le patrimoine Aujourd'hui, si Benchenet est établi depuis quelques années en France, il ne peut se passer du pays et de son Oran natal. Surtout pour les besoins de ses productions. Comme ce nouvel album qu'il enregistre au pays, pratiquement fin prêt et qui n'attend que les dernières retouches avant de le lancer sur le marché, probablement avant la fin de l'année, sinon début 2017. En parallèle, Houari s'attelle à travailler encore sur son projet vieux déjà de 2 ans. Lorsqu'il a proposé au ministère de la Culture de réunir en un album, un siècle de poèmes chantés par les chyoukh les plus grands et les plus connus de l'ouest du pays. Un travail de longue haleine, d'endurance, car il lui a fallu chercher, fouiner, extraire, inventorier et reprendre le plus possible d'œuvres des grands du chiir el malhoun. Et le voici en plein recueil. Il avoue que ce n'est pas de tout repos, mais c'est son choix qu'il assume pleinement en vue de le restituer et de le préserver pour mémoire. « J'en suis à la moitié du parcours que je me suis tracé et je compte aller incha Allah au bout de mon projet. C'est tellement passionnant ! » Autre belle œuvre signée Benchenet, ce DVD dédié à l'histoire du pays mené à bon port, en collaboration avec le ministère des Moudjahidine, consacré à deux événements histori-ques de la guerre de Libération remis au jour pour la condamnation à mort du chahid Ahmed Zabana et la date du 5 Juillet, jour de l'indépendance de l'Algérie. Et pour l'histoire toujours, Benchenet a su, en allant à la découverte du patrimoine oral du chiir el malhoun, rendre les honneurs aux poètes an-ciens, en puisant dans leurs œuvres pour les chanter et les sortir de l'oubli. En témoigne son dernier album, sans titre, où il reprend des titres dédiés à Wahran. Il est vrai qu'il a ce mérite de rendre hommage aux anciens chanteurs Wahbi et Baloui, dont il est un disciple invétéré. Gageons que vendredi 21 octobre, l'artiste récidivera.