Photo : Slimene S.A. Le Mouvement de la société pour la paix, (MSP), a organisé hier une conférence nationale de la prospective, ayant pour thème l'évaluation de la prestation politique du parti, le rendement du gouvernement et de l'Alliance présidentielle, dans un objectif de «formuler une initiative nationale pour une réforme politique globale». Ce genre de rencontres se tient pour la première fois en dehors de l'état d'urgence, déclare d'entrée le président du parti devant les cadres, les ministres et les élus du MSP. Ce qui l'oblige à tenir un discours, en fonction de la conjoncture particulière que vit le pays. Il n'est plus tolérable, d'après lui, de camper sur des solutions purement sociales, ayant l'allure «des premiers soins, non suivi d'une intervention chirurgicale qui devra extirper une bonne fois pour toutes les gangrènes du corps malade. Cela s'avère une nécessité de l'heure», déclare Soltani. En saluant au passage les décisions prises par les derniers conseils des ministres, le même responsable estime qu'il est temps de procéder à d'autres changements, en vue de «redessiner» la scène nationale, intérêt du pays oblige. La première question que Soltani évoque est l'Alliance présidentielle qui a été, précise-t-il, «une alliance avec le président de la République et non pas avec le FLN ou le RND». En sept ans de pratique, «beaucoup de choses ont changé, mais malheureusement la coalition présidentielle est restée la même». Tous les objectifs que s'est assignés cette union politique ont été atteints. Alors, laisse-t-il entendre, «il faut développer ce projet ou sinon il n'a plus raison d'être». Le président du MSP va plus loin pour dire que cette alliance est dépassée par le temps et devrait même être suspendue, le temps de réfléchir sur d'autres missions à lui confier. En somme, explique-t-il, aux journalistes, la balle est dans le camp des instances du parti et si elles décident de geler l'appartenance du MSP à cette alliance ou de suspendre ses actions dans ce cadre, cela sera mis en œuvre. Sur un autre registre, Soltani inscrit une révision en profondeur de la constitution parmi les priorités de son parti visant «à passer d'une manière claire au régime parlementaire, à séparer entre les pouvoirs, à se contenter d'un seul mandat présidentiel renouvelable une seule fois seulement et consacrer davantage de libertés politiques, médiatiques et syndicales». L'état d'urgence qui n'est plus d'actualité justifie ses propositions, puisqu'elle a été instaurée dans une conjoncture de crise. Par ailleurs, Soltani déplore le fait que l'administration algérienne ait supporté pendant plus de 20 ans des périodes conjoncturelles, avec tout ce que cela implique comme problèmes. La préservation de la paix sociale dans le cadre de la réconciliation nationale a été le majeur souci de l'Etat. Mais aujourd'hui, la réforme politique s'impose, déclare-t-il, à commencer par la nécessité de réviser diligemment «le code électoral, le code communal, la garantie de l'impartialité de l'administration et des institutions de l'Etat en toute compétition politique, l'abrogation de tous les articles législatifs en rapport avec la tragédie nationale, à l'instar du décret exécutif 54-93, faire tomber toutes les poursuites judiciaires contre les faiseurs d'opinions, dont l'imam et le journaliste. A cela s'ajoute, la nécessité de mettre en place un mécanisme pour récupérer l'argent dilapidé, donner plus de prérogatives au pouvoir judiciaire, mettre l'accent sur la réforme politique, poursuivre l'effacement des dettes pour les petits commerçants, artisans et pécheurs et impliquer la société civile dans la prise en charge des préoccupations des jeunes. Soltani est convaincu que la réalité algérienne requiert des changements d'ordre politique, social et économique à travers un «dialogue national serein » réunissant toutes les tendances politiques du pays. En marge de cette rencontre, le président du MSP a expliqué qu'aujourd'hui, il souhaite de consacrer un seul mandat présidentiel renouvelable une seule fois, alors qu'il avait soutenu la candidature du président de la République pour un troisième mandat, en disant que cette décision a été prise «par souci d'entraver le processus de la réconciliation nationale, si toutefois le choix est porté sur un autre président qui aurait peu être remis en cause cette politique».