Aujourd'hui, la grande famille de la presse célèbrera sa Journée nationale. Cette journée qui a été décrétée par le président de la République en 2013 est avant tout un hommage solennel rendu à une corporation qui a consenti un lourd tribut pour apporter sa pierre dans l'édification de l'Etat de droit. La participation à cet effort national visant à asseoir et à consolider l'exercice démocratique en ancrant notamment d'une manière irréversible les espaces de liberté est une dynamique dans laquelle le journaliste joue un rôle pivot. De par sa mission et son champ d'influence sur la société et par extension son action interactive avec les autres éléments constitutifs de l'Etat, la presse demeure tributaire des limites de son échiquier. Des espaces d'expression qui, au demeurant, ne sont pas les mêmes d'un pays à un autre. L'étendue du champ d'évolution et de la liberté de la presse est corrélativement liée à l'exercice démocratique de chaque nation. Une condition implicite qui fait de la promotion de la presse l'indice visible de perception de la consécration des principes et idéaux démocratiques. La consécration en Algérie de la date du 22 octobre comme Journée nationale de la presse revêt une symbolique historique, puisqu'elle renvoie à la parution du premier numéro du journal El-Mouqawama El-Djazaïria en 1955, qui était l'organe médiatique de la Révolution algérienne. Situer le combat de la presse actuelle dans le continuum de l'esprit patriotique né des idéaux de la glorieuse Révolution est une reconnaissance sans ambages des plus hautes autorités de l'Etat du rôle joué par la presse depuis l'indépendance. En effet, dans son message datant du 3 mai 2013 à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le président de la République qui a annoncé la décision d'instituer le 22 octobre comme Journée nationale de la presse a mis en exergue l'importance du rôle de la corporation journalistique. « Je saisis l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour m'adresser à vous, eu égard au message et au rôle efficient du secteur par le passé et présentement », écrit-il. A ce titre, le président de la République dans le même message a réitéré l'engagement de l'Etat « à doter la presse nationale et le secteur de l'information de mécanismes juridiques et de différentes formes de soutien à même de lui permettre de s'acquitter de ses nobles missions, sans restriction à sa liberté afin qu'elle puisse accéder à la place de choix qui lui revient dans le monde de l'information et du savoir ». La volonté exprimée alors par le premier magistrat du pays s'est traduite par l'introduction, à la faveur de la révision constitutionnelle adoptée le 6 mars dernier, d'articles dans la Loi fondamentale qui consacrent d'une manière imprescriptible le cadre juridique garantissant notamment au journaliste et à la presse en général d'exercer leurs missions sans restriction arbitraire ni censure préalable. La nouvelle Constitution conforte la liberté de la presse Ainsi, il est énoncé dans la Constitution actuelle, particulièrement dans son article 50, que « la liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux d'information est garantie. Elle n'est restreinte par aucune forme de censure préalable. Cette liberté ne peut être utilisée pour attenter à la dignité, aux libertés et aux droits d'autrui. La diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation ». Outre ces avancées, le même article fait mention à un acquis déterminant dans l'exercice de la profession journalistique. Il est clairement explicité que « le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté ». Dans le même esprit, la révision constitutionnelle érige le droit d'obtention de l'information comme un acquis irréversible. A ce propos, l'article 51 est on ne peut mieux clair : « L'obtention des informations, documents, statistiques et leur circulation sont garanties au citoyen. » Néanmoins et afin de préserver les autres libertés, l'article en question précise que « l'exercice de ce droit ne peut porter atteinte à la vie privée, aux droits d'autrui, aux intérêts légitimes des entreprises et aux exigences de la sécurité nationale ». Une condition et un préalable loin d'être restrictifs, puisqu'il dénote de la volonté de consacrer un Etat démocratique où toutes les libertés et droits sont respectés. La consolidation dans la Constitution de la liberté de la presse et la garantie aux journalistes d'un environnement sans contraintes et non restrictif pour l'exercice de sa profession s'inscrit dans la dynamique engagée par l'Etat qui a ouvert un chantier de réformes visant à mettre en place un arsenal juridique, des mécanismes et des instances en mesure d'accompagner l'évolution de la presse. Le code de l'information, érigé comme une loi organique, s'inscrit foncièrement dans cette démarche et la volonté de réglementer l'exercice de la profession. Les outils de la régulation Ainsi, le code de l'information énonce des dispositions juridiques et institue des organes visant à définir clairement le paysage médiatique, que ce soit par rapport à sa composante, son champ d'action ou bien en ce qui concerne son organisation. Il réglemente et définit notamment et succinctement l'activité d'information par voie de presse écrite et sa promotion à travers la création d'un organe de régulation, l'exercice de l'activité audiovisuelle et l'institution de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, la consécration d'un socle juridique aux médias électroniques, l'organisation de la profession de journaliste, les modalités inhérentes au droit de réponse et les mécanismes et moyens d'aide et de la promotion de la presse. Il est ainsi constaté qu'en vertu de cette loi organique, l'ouverture du champ médiatique national n'est plus un vœu pieux. Le paysage médiatique est désormais doté d'un arsenal juridique permettant aux télévisions privées d'y évoluer au même titre que les médias publics. La promulgation de la loi sur l'audiovisuel en 2014 et l'installation de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) concourent, en effet, à consacrer cette ouverture et assainir en même temps la composante actuelle du champ en question. La commémoration cette année de la Journée nationale de la presse intervient dans une conjoncture économique de crise, dont l'impact a déteint sur la santé financière des organes de presse. En ces temps marqués par la contraction du marché de la publicité, de nombreux journaux et chaînes sont contraints d'ajuster la gestion de leur ressource. Trouver des ressources de financement est l'un des défis qu'affrontent les éditeurs et les propriétaires de médias. Ce besoin vital poussera sûrement, du moins les éditeurs de presse, à s'organiser afin d'assainir entre autres le segment de la diffusion et de la commercialisation qui demeure, à ce jour, non profitable et peu rentable pour les entreprises de presse. Les membres de la corporation journalistique qui, en faveur des dispositions actuelles, ouvrent pleinement le droit d'obtenir leurs cartes nationales du journaliste professionnel, sont appelés également à se mobiliser pour que leurs droits soient préservés. Présentement, plus de 4.500 journalistes ont établi leur carte. Outre les avantages que confère cette carte et grâce à laquelle on distingue qui est journaliste de celui qui ne l'est pas, l'importance du nombre des journalistes ayant souscrit à cette démarche démontre la volonté de cette catégorie à être une partie prenante et un acteur de taille sur l'échiquier national de la presse qui traverse une période charnière.