De toute évidence, le streaming est l'avenir de la musique. Plus un marché est avancé dans sa transition vers le numérique, plus la part du streaming y est importante. Les stars se nomment Spotify, ou Apple, les challengers, comme Tidal, surnagent mais font beaucoup de bruit. Dans ce monde, on oublie trop souvent un acteur pourtant connu de tous : YouTube. La plateforme de vidéos est en réalité le premier site de musique dans le monde, selon le Snep et l'Ifpi, qui représentent les producteurs de musique. En France, le streaming vidéo représente 65% des titres streamés. La plateforme numéro un est, bien sûr, YouTube. 86% des Français utilisent YouTube pour écouter de la musique selon une étude réalisée en 2016 par Ipsos pour les producteurs européens. Mais YouTube, malgré son poids dans les écoutes, ne représente que 2,3% des revenus de la musique en France, et 10% des revenus du streaming. Un gros problème pour l'industrie musicale, qui voit ainsi s'évaporer des recettes à travers un usage pourtant légal. Et la problématique n'est pas circonscrite à la France. Dans le monde, en 2015, le streaming a représenté 43% des revenus de la musique numérique (en progression de 45% sur un an). Mais les services de partage de contenus financés par la publicité comme YouTube n'ont même pas rapporté un tiers (634 millions de dollars) de ce qu'ont rapporté les abonnements (2 milliards de dollars). En France, 34% de la population pirate de la musique, selon le sondage d'Ipsos. Parmi ces adeptes des usages illicites, 29% ont recours à ce qu'on appelle le stream ripping, qui consiste à convertir un fichier vidéo en fichier audio. La version moderne de l'enregistrement d'une chanson à partir de la radio, en quelque sorte, sauf que le matériel vient de YouTube. Le stream ripping est ainsi devenu, selon ce sondage, la méthode numéro un pour pirater des fichiers musicaux, devant le P2P et le téléchargement direct (18%). Le P2P était en juillet 2016 en déclin de 14% sur un an en France, selon comScore, alors que le stream ripping — dont YouTube est la source à plus de 90% — était en progression de 8% sur la même période. Le monde de la musique est donc confronté à un nouveau péril : une consommation légale qui ne rapporte presque rien, et son détournement qui entraîne un manque à gagner de plus. C'est le nouveau combat mené par le Snep : pousser YouTube à protéger par des mesures techniques les contenus audio qu'il héberge. En attendant, Universal Music, Warner Music et Sony Music ont porté plainte fin septembre contre youtube-mp3.org, et demandent 150.000 dollars de dommages et intérêts par fichier rippé.