« Déontologie de l'information : éléments de dysfonctionnement et mécanismes de protection » a été le thème d'une conférence animée, hier, à l'Ecole nationale supérieure de journalisme de Ben Aknoun (Alger), par Fodhil Delliou, doyen de la faculté des sciences de l'information et de la communication de l'Université de Constantine 3. Le conférencier a mis en exergue les éléments de dysfonctionnement déontologique dans le domaine de l'information. Il s'agit, particulièrement, de l'indécence et de la violence verbale, l'exploitation de la passivité du public et du vedettariat dans les médias, la prudence médiatique, la manipulation par les médias, l'instrumentalisation politique, l'atteinte à la vie privée, l'autorégulation publicitaire, l'enfant et la femme comme étant deux cibles de la publicité. Pour lui, le manque de professionnalisme de certains médias et l'environnement extérieur (social, politique, religieux) dans lequel vivent les journalistes expliquent, entre autres, le non-respect de l'éthique et de la déontologie. Citant l'exemple du traitement par les médias algériens (presse écrite et audiovisuelle) du phénomène du kidnapping des enfants, Delliou a constaté un « manque flagrant de professionnalisme » et des « dépassements graves » dans la couverture de ces événements dramatiques. Selon lui, la responsabilité incombe en premier lieu aux journalistes, aux organes de presse, aux supports médiatiques utilisés dans la publication et la diffusion de l'information. Mais aussi aux autorités publiques, les institutions régionales et internationales activant dans le domaine de l'information qui ne jouent pas leur rôle dans le processus de protection de l'éthique. Il a indiqué que même le public, en tant que source d'information, a une part de responsabilité dans cette question d'éthique. Il faut dire qu'aujourd'hui, le public à travers les informations publiées sur les réseaux sociaux et les blogs peut se transformer en une source d'information pour les journalistes. Le même conférencier a enchaîné pour proposer quelques mécanismes susceptibles de valoir dans le processus de protection de l'éthique de la profession de journaliste. Et d'éviter les effets néfastes de la criminalisation judiciaire. Le doyen a insisté sur l'impératif de prendre le temps qu'il faut pour mettre en place les mécanismes de contrôle et surtout éviter d'« importer » de l'étranger des solutions. « Ce qui est valable en Occident comme moyen de contrôle de l'éthique ne le n'est pas forcément chez nous. Il faut prendre en compte les spécificités de chaque société dans la mise en œuvre de ces mécanismes de respect de l'éthique », a-t-il insisté. L'universitaire a mis en avant un certain nombre de mécanismes. Il a évoqué la création d'un conseil national d'éthique et de déontologie et des conseils régionaux, la mise en place d'un audit déontologique, la formation des journalistes et le respect du droit de réponse.