Après le violent séisme et le tsunami du vendredi dernier ayant particulièrement touché les provinces de Iwate, Miyagi et Fukushima situés au nord-est du Japon où les dégâts sont considérables, l'agence météorologique japonaise annonce la possibilité d'une nouvelle réplique d'une magnitude supérieure à 7 d'ici mercredi. Cette éventualité est estimée à 70% par l'observatoire. Elle pourrait être localisée dans le nord de la région du Kantô, c'est-à-dire au nord de Tokyo et non loin des centrales nucléaires posant déjà problème. Par ailleurs, le Schinmoedake, un volcan situé dans le sud-ouest du Japon, est entré hier dimanche en activité, en projetant dans l'air des pierres et des cendres, ont indiqué les autorités locales. Ce volcan qui culmine à 1.420 mètres sur l'île de Kyushu, a de nouveau projeté dans les airs et jusqu'à 4.000 mètres de hauteur des pierres et des cendres après deux semaines d'inactivité. Il s'est déjà réveillé en janvier pour la première fois depuis 52 ans, une reprise de l'éruption qui survient deux jours après le séisme de magnitude 8,9 suivi d'un tsunami qui a frappé vendredi le nord-est du pays, à environ un millier de kilomètres du volcan. Par mesures de sécurité, les autorités japonaises ont restreint l'accès aux régions autour du Schinmoedake. La menace d'un désastre nucléaire continue d'émaner des réacteurs nucléaires japonais fortement endommagés par le terrible séisme qui a frappé le pays du Soleil Levant. Le spectre de Tchernobyl se dessine à travers les fissures provoquées dans les silos atomiques de Fukushima. Une éventuelle mise en quarantaine radioactive est à craindre. Le département d'Etat américain est le premier pays à demander à tout le personnel officiel non indispensable de différer ses déplacements au Japon et appelle aussi les citoyens américains à éviter les voyages de tourisme. Dans cette situation fort alarmante, plus de 10.000 personnes pourraient avoir été tuées lors du séisme et du tsunami dans la préfecture côtière de Miyagi, la plus proche de l'épicentre, annonce le chef de la police locale. Risque d'explosion, l'inquiétude grandit après l'annonce par le gouvernement qu'une nouvelle explosion était possible à la centrale nucléaire de Fukushima en raison de l'accumulation d'hydrogène dans le réacteur. La crainte d'une catastrophe nucléaire grandit au Japon autour de la centrale nucléaire de Fukushima. Deux jours après le séisme et le tsunami dont les victimes se comptent par milliers, les secours affluent vers la zone sinistrée pour rechercher les disparus, particulièrement dans la préfecture côtière de Miyagi, la plus proche de l'épicentre. Une opération de secours massive était en cours pour acheminer quelque 50.000 soldats et sauveteurs, avec 190 avions et des dizaines de navires dans les zones sinistrées de la façade Pacifique. Les autorités s'activaient autour du réacteur nº1 de la centrale nucléaire Fukushima nº1, victime d'une série de problèmes depuis que le puissant séisme et ses répliques à répétitions ont perturbé ses circuits de refroidissement. Des problèmes de température sont apparus et l'armée de l'air américaine a délivré du liquide de refroidissement sur place pendant la nuit. ALERTE ROUGE Pour autant, un niveau de radioactivité mille fois supérieur à la normale a été détecté hier en fin de matinée dans la salle de contrôle du réacteur et le Premier ministre Naoto Kan a ordonné l'évacuation de 45.000 personnes dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale. L'Agence de sécurité nucléaire et industrielle a indiqué qu'une fusion pourrait être en cours dans le réacteur, situé à 250 kilomètres au nord de la mégapole de Tokyo. Du césium radioactif a, en effet, été détecté aux alentours de cette centrale, ce qui atteste généralement qu'un tel phénomène est en train de se produire, selon un expert. La compagnie d'électricité gérant l'installation, Tokyo Electric Power (Tepco), a reçu pour instruction d'ouvrir les valves du réacteur pour relâcher de la vapeur radioactive et faire retomber la pression interne, anormalement élevée. Cette opération semble avoir une relative efficacité, selon l'Agence. Une autre centrale nucléaire de la région, Fukushima nº2, connaissait aussi des problèmes de refroidissement sur quatre de ses réacteurs et Tepco a pris des mesures de prévention similaires. La population a aussi été appelée à évacuer la zone de cette centrale, située à une douzaine de kilomètres de Fukushima nº1. Le séisme dans le nord-est du Japon devrait avoir un impact «considérable» sur l'économie du pays, a prévenu hier dimanche le porte-parole du gouvernement nippon, Yukio Edano. «Le tremblement de terre devrait avoir un impact considérable sur les activités économiques d'un grand nombre de secteurs», a-t-il averti lors d'une conférence de presse. Le tremblement de terre de magnitude 8,9 et le tsunami qui l'a suivi ont dévasté la côte Pacifique du Tohoku (nord-est), comptant au total pour 8% du Produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie du monde. Nombre d'activités côtières ont été anéanties et les infrastructures ravagées par une vague de dix mètres de haut dans la métropole de Sendai. Pour soutenir l'économie locale, la Banque du Japon a versé dimanche 55 milliards de yen (480 millions d'euros) à treize banques implantées dans la région. La région du Kanto, plus au sud, qui comprend la mégapole de Tokyo et représente 40% du PIB, a été touchée aussi, de façon parfois spectaculaire comme à Iichihara (est de Tokyo), où une raffinerie de pétrole de la compagnie Cosmo Oil a partiellement brûlé. La plupart des infrastructures et bâtiments ont toutefois tenu le choc dans cette zone urbaine stratégique. La filière nucléaire nippone, qui assure entre 25% et 30% de la production électrique nationale, connaît quant à elle la plus grave crise de son histoire depuis qu'une explosion s'est produite samedi dans l'enceinte du réacteur n°1 d'une centrale de la préfecture de Fukushima (nord-est), déréglée par la violence du séisme. Une explosion menace aussi le réacteur n°3 de cette centrale, a prévenu hier dimanche M. Edano lors d'un point presse. Au total, onze des cinquante réacteurs nucléaires du Japon, situés dans les zones les plus touchées, ont été arrêtés et le ministre de l'Industrie a appelé les entreprises à réduire leur consommation «au strict minimum», afin d'économiser les ressources. Il a ajouté que les autorités allaient procéder à des coupures d'électricité ciblées et par rotation, afin d'éviter un black-out. Nombre de firmes nippones ont, par ailleurs, cessé leur activité. Les principaux constructeurs d'automobiles -Toyota, Nissan, Honda, Mitsubishi Motors et Suzuki- ont ainsi annoncé la suspension de l'ensemble de leur production au Japon. Cet arrêt des chaînes de production concerne non seulement les usines situées dans les zones touchées par le séisme mais aussi les autres sites du Japon. Ces entreprises fonctionnent en effet en flux tendu et une rupture d'approvisionnement de la part d'un fournisseur peut empêcher une usine de montage de fonctionner.