Une conférence autour de la place de la littérature à l'école, a eu lieu, lundi dernier, dans le cadre du SILA. Des intervenants étrangers ont présenté des communications. Le premier fut le Tunisien Mabrouk Mannai, professeur en poésie et poétique arabe classiques à la faculté des lettres de la Manouba. Il a parlé de la transposition didactique, de transfert de la littérature à partir des livres et de la traduction de ce savoir en activité enseignante. C'est un travail pédagogique et didactique d'importance. Il a évoqué également l'expérience de la Tunisie en la matière depuis son indépendance. Jean-Louis Dufays, professeur à l'université catholique de Louvain, a décrit la situation de son pays en la matière. « La situation est assez contrastée selon les niveaux et les filières d'apprentissage. La littérature n'occupe pas la même place au primaire, au secondaire. Elle n'a pas le même statut dans les filières de transition qui préparent de l'enseignement supérieur et dans celles qui préparent à l'exercice de métiers après le secondaire », a-t-il expliqué. « La littérature se décline différemment. Dans les premières annés, son enseignement est différent des autres matières. On enseigne les œuvres, les auteurs, les genres et types de textes, des lectures intégrales, des questions, des approches et des types de production », a-t-il précisé. Il a terminé son intervention en formulant des propositions comme l'équilibre à établir entre deux approches complémentaires de la lecture et de la littérature. La première est dite « lecture - plaisir ». On s'immerge dans le texte, on participe affectivement à l'histoire où l'on est pris dans la mécanique narrative. L'autre approche est « la lecture analytique », plus distanciée, plus en prise sur les droits du texte. En dernier, Roland Goigoux, professeur français des universités en sciences de l'éducation (université Blaise-Pascal de Clermont Ferrand) a évoqué l'apprentissage des œuvres de littérature jeunesse à l'école maternelle et élémentaire en France. « Les programmes demandent à ce qu'on enseigne la compréhension des textes. Offrir une lecture aux élèves ne suffit pas. Il faut leur apprendre à comprendre les textes fictionnels. Avec des enfants de 8 ans, on leur apprend à reformuler le texte, à comprendre l'implicite, à se mettre dans la peau des personnages, même lorsque ceux-là ne parlent pas mais qu'ils pensent des choses qu'il faut saisir. Il s'agit aussi d'entrer dans un débat interprétatif sur le sens que peut avoir une histoire, sa portée, les valeurs qu'elle charrie, le rapport à la culture qu'elle entretient » , a-t-il soutenu.