« Notre groupe parlementaire et les dirigeants de notre parti ont pris la décision de cesser tout travail dans les organes législatifs, après cette attaque totale », a annoncé le Parti dans un communiqué. Les députés qui n'ont pas été arrêtés se consacreront à rencontrer leurs électeurs, allant « de maison en maison, de village en village et de district en district », à la suite de quoi ils feront des propositions sur la façon dont le HDP peut continuer ses activités. Cette formation avait estimé, la veille, que les arrestations marquaient « la fin de la démocratie » dans le pays. Neuf députés, dont les deux coprésidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi, puis placés officiellement vendredi en détention préventive en attendant leur procès. Ils sont accusés d'appartenir, ou d'être liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne. Ces arrestations ont suscité des réactions indignées en Occident, dont les relations avec Ankara sont déjà tendues après le coup d'Etat manqué contre le président Erdogan. Les Etats-Unis sont « profondément troublés » par la détention des élus kurdes en Turquie, a écrit sur Twitter Tom Malinowski, chargé des droits de l'Homme au département d'Etat. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, s'est, pour sa part, dit « extrêmement inquiète ». Berlin a annoncé avoir convoqué le chargé d'affaires turc et le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a jugé ces arrestations « hautement alarmantes ». Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, a affirmé que l'arrestation des élus HDP « soulève une vive préoccupation », et appelé Ankara « à respecter l'Etat de droit et les libertés fondamentales ». En retour, le ministère des Affaires étrangères a annoncé, hier, que le chef de la diplomatie turque, Omer Celik, avait convoqué l'ensemble des ambassadeurs des pays de l'UE à une réunion, lundi matin (aujourd'hui) pour leur faire part « des derniers développements dans notre pays ». Les militants kurdes ont organisé, samedi dernier, des manifestations anti-pouvoir Erdogan dans la ville allemande de Cologne et à Paris. En Turquie, des dizaines de manifestants solidaires du HDP ont été dispersés vendredi dernier, à Ankara et à Istanbul, par les forces de l'ordre à l'aide des gaz lacrymogènes. L'accès aux réseaux sociaux et à des applications de messagerie était fortement perturbé quelques heures après l'arrestation des élus kurdes. La plateforme de surveillance TurkeyBlocks a indiqué avoir détecté des restrictions d'accès à plusieurs réseaux sociaux dont Facebook, Twitter et YouTube, à partir de vendredi à 1h20, heure locale. Vendredi, un attentat à la voiture piégée a frappé dans la matinée un bâtiment de la police à Diyarbakir, « capitale » du sud-est turc à majorité kurde, faisant neuf morts, dont deux policiers, et plus de cent blessés. Il a été aussitôt attribué par le Premier ministre, Binali Yildirim, au PKK. Samedi, le groupe terroriste Daech a revendiqué l'attaque.