Des vendeurs n'arrivent plus à satisfaire la demande des consommateurs. Ils reçoivent moins de quantités qu'auparavant. La pénurie du lait en sachet refait surface. « Les unités de transformation sont en grève. Nous recevons une quantité limitée par jour », nous dit le gérant d'une épicerie à Kouba. Un autre commerçant de la même localité a ajouté : « Les quantités que nous recevons sont en deçà de la demande exprimée. Moi-même j'ai décidé de ne plus prendre de lait afin de ne pas irriter mes clients. » Mais que se passe-t-il ? Comment peut-on expliquer cette situation de pénurie ? Est-elle née du manque de la poudre de lait ? Distributeurs et transformateurs se disent étonnés par cet état de fait. Ils sont incapables d'expliquer la situation. Le directeur général de Colaital de Birkhadem, Nadir Benyezzar, dit que son unité de transformation carbure à plein régime. « Pourtant, nous fonctionnons à 100% de nos capacités », a-t-il dit. Il a rassuré que toutes les quantités de poudre de lait fournies par l'Office interprofessionnel du lait (Onil) sont consommées. « D'ailleurs, je n'ai aucun intérêt à garder cette poudre », a-t-il insisté. « Vous savez, nous ne sommes pas les seuls sur Alger. D'autres unités sont aussi sur le terrain. Il faut aller voir peut-être ce que font les autres en matière de transformation », a-t-il déclaré. La laiterie Colaital assure une production journalière de 420.000 l entre lait pasteurisé à partir de la poudre du lait et le lait de vache. Et pour rassurer un approvisionnement sérieux et régulier, Benyezzar a indiqué que des inspecteurs de l'usine sont sur le terrain pour s'assurer que le produit est bien distribué sur le marché. Concernant cette histoire de manque de poudre de lait, notre interlocuteur a souligné que les quantités attribuées par l'Onil aux transformateurs sont minutieusement étudiées selon les quotas consommés par chaque opérateur, afin d'éviter le gaspillage. Pour ce professionnel, certains opérateurs ont vraisemblablement peur de voir l'activité laitière réglementée. En revanche, Amine Belour, membre de la Fédération des distributeurs de lait d'Alger, a estimé que cette situation s'explique par la décision des unités de production qui ont procédé à la réduction des quantités de lait attribuées aux distributeurs. Il a fait savoir que chaque distributeur voit son quota réduit de 1.000 l/jour. A titre d'exemple, il dira que les camions qui ont l'habitude de recevoir 6.000 l/jour, n'auront droit qu'à 5.000. Et ceux qui recevaient 5.000 l, ils n'auront droit qu'à 4.000 l/jour. « Les unités de production ont établi un nouveau calendrier qui réduisait de 30% les quantités de lait accordées aux distributeurs », a-t-il souligné. Et de renchérir : « Quand nous avons demandé des explications sur cette décision, les transformateurs nous ont expliqué que l'Onil a réduit ses quotas de poudre de lait. » Mais « le plus surprenant dans tout cela, c'est la réponse de l'Onil que nous avons interpellé. Celui-ci nous a répondu par écrit qu'il n'a pas réduit ses quotas. C'est à ne rien comprendre. » Pour sa part, le président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca), El Hadj Tahar Boulenouar, a estimé que cette situation de pénurie confirmée s'explique par plusieurs facteurs. Il a évoqué, entre autres, l'augmentation de la demande qui dépasse largement l'offre, la fermeture de plusieurs unités de transformation ainsi que la décision de certains distributeurs qui ont arrêté de travailler dans la distribution, faute de rentabilité.