«L'Onil a diminué les quantités de poudre destinées aux opérateurs privés au profit des unités publiques.» Les unités de production du lait en sachet risquent de mettre les clés sous le paillasson en raison de la réduction de leurs quotas en poudre par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil). C'est en substance, ce qui ressort de l'assemblée générale des transformateurs de lait tenue hier au siège de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) à Alger. Les intervenants lors de cette AG ont désigné du doigt l'Onil qui contrôle, depuis janvier passé, les opérations d'importation et de distribution du lait. Cet office est accusé «d'avoir réduit les quantités de poudre destinées aux opérateurs privés activant dans ce domaine au profit des unités publiques.» Les patrons de laiteries privées étaient unanimes à se plaindre des entraves bureaucratiques qu'ils rencontrent au niveau de l'Onil. Le patron d'une unité installée à Biskra indiquera en ce sens, que «l'Onil me fournit une quantité de 10 tonnes de poudre de lait par mois. Une quantité qui ne permet à mon entreprise, qui compte 14 ouvriers, de fonctionner que 5 jours seulement.» Et d'ajouter: «Si la situation perdure, je serais dans l'obligation de changer d'activité.» Un autre producteur, basé à Aïn Defla, soutiendra que son unité s'est trouvée dans l'obligation de congédier 45 ouvriers sur les 75 qu'elle employait depuis 2004, en raison justement de la diminution des quantités de poudre allouées. Le président de la Cipa, Abdelouhab Meziani indiquera, pour résumer, que «la demande des 78 unités privées de production du lait en sachet est estimée à 5700 tonnes par mois alors que l'Onil ne leur fournit actuellement que 3000 tonnes, soit une réduction de près de 60%.». Selon lui, «l'Onil a fait une erreur» en fixant les quotas en fonction des bilans de 2005 et de 2006 alors que la crise du lait n'avait pas encore commencé. Les estimations de l'Onil devraient être établies, selon lui, «sur la base des bilans de 2007 où la consommation du lait en sachet, de 25 dinars, a connu un ralentissement en raison de la dégradation du pouvoir d'achat des Algériens.» Soulignons à ce sujet que l'Onil a justifié sa décision de réduire les quotas, par le fait que certains producteurs privés font de fausses déclarations pour avoir des quantités supplémentaires de poudre qu'ils vendent dans les cercles informels et/ou utilisent dans la production d'autres produits laitiers. Le président de la Cipa estimera à ce sujet que «s'il y a dépassement, ils n'ont qu'à arrêter les coupables.» Meziani soulignera en outre, que les laiteries privées n'ont pas perçu les subventions concernant les mois de novembre et décembre derniers. Les créances de certains producteurs atteignent plusieurs milliards et ces douaniers se trouvent de ce fait, en mauvaise posture financière. Car, explique le président de la Cipa, «les banques n'attendent pas et menacent les entreprises en difficulté de payement». Le manque de transparence dans la gestion de l'Office national interprofessionnel du lait n'a pas été épargnée dans l'intervention de Meziani. «L'Onil n'associe la Cipa ni dans l'achat de la poudre de lait dans les marchés internationaux ni dans sa distribution au niveau local», atteste-t-il.