Telle est l'appréciation du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui a été confortée par l'abandon de la proposition d'abrogation de la loi phare Obamacare érigée en priorité au même titre que la lutte contre l'immigration. « Il y a beaucoup de choses qui sont dites pendant les campagnes qui n'arrivent jamais après l'élection », assure aussi le milliardaire et homme d'affaires américain Warren Buffett convaincu que la menace de révision des accords de libre-échange signés par les Etats -Unis ne sera jamais mise en exécution. La carte du protectionnisme, un simple vœu pieu ? Le poids de la realpolitik est également soulevé par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, redoutant les effets de l'adaptation sur les liens entre l'Union européenne et les Etats-Unis. « Je crois que nous aurons deux années de temps perdu jusqu'à ce que M. Trump ait fait le tour du monde qu'il ne connaît pas », a-t-il affirmé. L'inquiétude se fait également sentir dans les milieux des jeunes venus d'Allemagne, de France, du Luxembourg et de Belgique pour rencontrer trois hommes forts de l'UE : Jean-Claude Juncker (donc entre autres, la représentation de l'UE à l'international), Martin Schulz (président du Parlement, représentant du peuple européen) et Koen Lenaerts (président de la Cour de justice de l'UE, pouvoir judiciaire). Confrontée par la poussée des courants populistes et extrémistes, la vieille Europe déjà ébranlée par le Brexit vit mal la consécration et le risque de contagion du modèle américain. Faut-il pour autant croire au cataclysme euro-atlantique ? Aux Etats-Unis, la colère gronde, de nouveau. Des manifestants ont protesté, vendredi dernier, dans une vingtaine de villes américaines pour exprimer leurs incertitudes, à l'image de l'acteur Robert De Niro qui s'est déclaré « déprimé » par le résultat de l'élection. A New York, 11 personnes ont été arrêtées, selon la police. Mais, les signes de modération apparaissent dans la présence des membres influents de l'establishment longtemps décrié. Ils figurent dans l'équipe de transition dirigée par son vice-président élu, Mike Pence. Des fidèles parmi les plus fidèles, à l'image de l'ex-maire de New York, Rudy Giuliani, l'ex-président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, le sénateur anti-immigration, Jeff Sessions, le directeur général de sa campagne, Steve Bannon, et le président du parti républicain, Reince Priebus, participent à la formation du gouvernement Trump qui verra aussi la participation en force de ses 3 enfants, Ivanka, Donald Jr. et Eric et de son gendre Jared Kushner. « La mission de notre équipe sera claire : réunir le groupe le plus hautement qualifié de responsables brillants, qui seront capables de mettre en œuvre notre programme de changement à Washington », a expliqué Donald Trump dans un communiqué. Dans une tentative de recoller les morceaux, le président Trump, qui a fait écho à la demande de son prédécesseur d'unifier le pays, a tenu la main à l'ex-président Bill Clinton, époux de sa rivale démocrate, et qu'il a qualifié de « très aimable », selon des extraits d'un entretien à la chaîne de télévision CBS. Mais il semble attaché à une perception différente de la priorité syrienne qui impose, selon lui, de se concentrer davantage sur le démantèlement du groupe terroriste Daech. Le projet de renversement du régime de Bachar El Assad porte le risque d'une confrontation avec la Russie et dévient caduc, selon le nouveau président américain ? Un changement de cap dans la stratégie moyen-orientale des Etats-Unis ?