Le pluralisme médiatique serait «bancal» s'il n'est pas suivi, aujourd'hui, de la libération du champ audiovisuel national, ont estimé, hier, des universitaires lors d'une rencontre organisée par le Centre de recherche stratégique et sécuritaire. Les intervenants trouvent illogique que l'on persiste à garder encore le champ audiovisuel fermé alors que notre opinion publique est «arrosée pas plus de 900 chaînes étrangères». Persister dans cette voie c'est «livrer le téléspectateur algérien à ces chaînes qui reçoivent sur leur plateau les opinions les plus diversifiées (pour ne pas dire dangereuses) y compris l'opposition», mettent-ils en garde. Un professeur ira jusqu'à reconnaître que «moins de 10% des Algériens suivent actuellement les programmes de la télévision nationale», le reste subit l'hégémonie de ce qui est déversé par les chaînes satellitaires dont le «contenu n'est pas souvent en accord avec notre vision ni nos intérêts», disent-ils. Pour le Dr Lagueb de l'université d'Alger, les conditions qui justifiaient alors le verrouillage et qui trouvent leur fondement dans la situation sécuritaire des années 90 n'ont plus leur raison d'être, d'autant plus que - et même s'il le dit pas expressément - la levée de l'état d'urgence vient d'entrer dans les faits. Parlant de la pratique médiatique d'une manière globale, ce dernier reconnaît qu'elle a eu ses «aspects positifs mais aussi des dérives». Il appelle à un nouveau code de l'information qui remplacerait celui en cours «dépassé» selon lui. Par la même occasion, il énumère les conditions d'exercice de la pluralité médiatique en Algérie, à savoir une «véritable pratique démocratique, un véritable pluralisme» que la presse a toujours «protégé». L'auteur qui a plusieurs réflexions à son actif sur le thème constate que malheureusement, «bien que l'on enregistre le foisonnement de 80 titres environ, la diversité au plan de la ligne éditoriale ne suit pas».M. Lagueb - qui sera conforté dans son analyse par d'autres universitaires - estime qu'aujourd'hui, au vu du développement des nouvelles technologies de la communication, «il serait illusoire de tenter une restriction de la liberté de la communication». Les exemples ne manquent pas, hier, avec les pays de l'Est et aujourd'hui avec les régimes de Moubarak et Ben Ali qui ont vainement tenté de mettre hors champ Internet et le téléphone portable comme moyen de communication de masse. «Le résultat est là…. », dit-il.