C'est sur cet avis tranché que se clôt une remarquable chronique de Mohamed Bouazdia, intitulée «L'audiovisuel ...et le métro d'Alger», parue dans le journal arabophone El –Khabar du dimanche 04 avril , dans le cadre d' un dossier spécial consacré à la commémoration du 20e anniversaire de l'avènement de la presse écrite indépendante en Algérie un certain 03 avril 1990, soulignant son honorable parcours depuis, semé d'embûches et de satisfactions, mais déplorant le fait que la situation du secteur de l'audiovisuel soit restée en deçà de ces historiques initiatives, faisant ainsi du pays, l'une des rares contrées au monde à ne posséder pratiquement aucune chaîne-tv ou radio privée… Un avis émis, après l'évocation par le chroniqueur de certaines motivations des pouvoirs centraux, tentant de jeter un éclairage sur cet éternel ajournement de l'ouverture du secteur audiovisuel en Algérie, attitude qui l'amène,lui et tant d'autres, au déplorable constat qu'il ne sert à rien de tenter de régler la question par le recours aux lois…et comme il ne sert à rien, pourrait-on ajouter, de rappeler que l'Unesco dont l'Algérie est membre et signataire des textes officiels ,recommande expréssement ,depuis des lustres, à tous les pays du globe, un minimum de deux chaînes–tv et radios privées concomitants au secteur public dans un souci de relatif équilibre du droit à la liberté d'expression et d'information diversifiée. Recommandation laquelle passent outre, évidemment, les pays à tendance totalitaire, sachant que les ex- affiliés communistes du défunt bloc de l'Est se sont tous engouffrés dans un processus de democratisation pluraliste, libérant non seulement leur paysage politique et syndical, mais également le secteur de leur presse écrite et audiovisuelle, le théâtre, l'université autonomisée, etc. Ce qui n'est pas le cas encore en Algérie qui accuse beaucoup de retard dans son processus enclenché de démocratisation. Et l'on oserait bien croire que l'option invariable de ce sempiternel ajournement dépendrait de circonstancces conjonctuerelles contraignantes, ou autres motifs de soi-disant «raisons inhérentes à des spécificités locales» («khossoussate ouatania») qui persisteraient à conditionner continuellement, l'ouverture du champ audiovisuel et maintes perspectives d'évolution pluraliste authentique ? Oui, mais de quelles «khoussoussiates» s'agit-il? Nombre de pays connaisant des situations complexes, par rapport au nôtre, ne se sont pas privés de donner le feu vert à leur secteur audiovisuel, ce qui les a beaucoup servis d'ailleurs dans l'avancée vers l'avant, raffermissant les liens de confiance entre leurs peuples qu'ils ne jugent pas totalement immatures, ni ne minorisent. En Algérie, où perdure la mise en berne du secteur audiovisuel, l'avis contraire aux raisons officielles, prônées comme ça, sans fondement crédible, paraissant fortement relever de l'arbitraire, pencherait plutôt pour des motifs obscurs, voilant mal une volonté délibérée d'un pouvoir autoritariste qui chercherait même jusqu'à saper ce qui reste des acquis d'Octobre 1988, n'ayant pu trouver le moyen «legal» pour réduire au silence,par exemple, une certaine presse écrite indépendante qui derange de plus en plus ! Le proche avenir dira si ce raisonnement aura vu juste, ou s'il s'agirait-là simplement,dans les circonstances présentes, d'ajournements qu'auraient dicté des facteurs contraignants… «spécifiques», quoique, pour le moment,compte tenu des retards persistants, la balance pencherait plutôt du côté de ceux qui considèrent que le régime en place ne veut absolument rien entendre sur cette question d'ouverture du secteur audiovisuel (tout comme pour la question d'autonomie du secteur syndical) qu'il maintiendrait continuellement sur la sellette, perpétuant, en quelque sorte, le système apparatchik totalitaire d'auparavant, et se donnant bonne conscience par-dessus le marché? Il appartient aux décideurs de montrer leur bonne volonté s'ls veulent contredire ces assertions en entreprenant résolument de rattrapper les retards accumulés dans ce domaine, depuis l'ajournement, en fait, des grandes réformes démocratiques initiées au lendemain de l'historique rupture politico-sociale d'octobre 1988 : l'Algérie, pour rappel, avait entamé un processus de démocratisation pluraliste, libérant le paysage politique et notamment le secteur sensible de la presse écrite privée, l'ajournement de celui de l'audiovisuel qui devait suivre s'expliquant,de l'avis d'observateurs officiels, par la situation conditionnante de la sombre décennie rouge écoulée. Cependant, la persistance du statu quo actuel, après que beaucoup de nuages assombrissant le ciel du pays se soient dissipés, on ne s'explique toujours pas cette position figée du pouvoir qui n'a pas évolué d'un iota depuis assez longtemps, en s'attelant, notamment, à chaque fois à bercer l'opinion publique par des promesses, périodiquement renouvelées, mais sans espoirs réels d'inauguration future ? Ainsi, à chaque occasion de commemorations d'événements marquants de l'histoire des medias algériens, c'est toujours le même refrain connu : «L'ouverture du secteur audiovisuel n'est pas à l'ordre du jour, mais c'est pour bientôt !»; «Kif –kif pour le code de l'information qui ne saurait tarder», «quant au statut du journaliste, c'est pour bientôt, également !»; «le statut d'artiste ? c'est inch'Allah, pour bientot, patience !» Patience, oui mais jusqu'à quand ? En Russie réformiste de l'ex-président Gorbatchev, s'est élevée cette expression célèbre (qui a fait le tour du monde) défendant l'aubaine de la libéralisation des medias et du paysage politique: «Si ce n'est pas maintenant ce ne sera jamais!» Et, effectivement la libération des secteurs s'en est suivie dans les ex-Soviets, avec l'adhésion de la majorité des peuplades, qui gardaient à l'esprit, en dépit de tout, le cauchemar redouté du «goulag». Surtout qu'il subsistait dans l'atmosphère cette crainte légitime des caciques totalitaires qui seraient tentés de remettre en cause les fragiles acquis enregistrés. Les tenants de l'ultra conservatisme ont failli, d'ailleurs, annuler la «perestroika» avec l'épisode du putch anticonstitutionnel de chefs militaires qui ont été, heureusement, désavoués massivement par la population moscovite réclamant le retour immédiat au processus démocratique devant les murs du Kremlin où les apparatchiks putchistes rétrogrades n'en revenaient pas!… Bref ! Les temps ont bel et bien changé depuis la chute du mur de Berlin et aujourd'hui, on assiste dans le monde entier évolué à la chute progressive de tous les murs des cloisonnements autarciques,de quelque nature qu'ils soient, maints pays amorçant ou approfondissant la voie de democratisation authentique… alors qu'en Algérie, le processus des réformes concrètes en est toujours à observer un wait and see qui perdure. Autrement dit, un déploiement d'une stratégie hermétique qui ne dit pas son nom, confondant croissance économique avec développement social et environnemental, les statistiques avec les données concrètes sur le terrain ou la carte numérique abstraite assimilée à la problématique de la réalité crue du territoire. Le secteur de l'audiovisuel ne constitue qu'une part de ce qui reste à entreprendre dans ce contexte, mais c'est une part de choix, synonyme d'un grand bond en avant lorsque son ouverture deviendra effective. Assurément, les impacts positifs escomptés de cette dernière promettent nettement d'etre préférables aux hésitations des tergiversations improductives actuelles. Qu'attendent donc les instances concernées pour prendre résolument le taureau par les cornes,déjà que tout dernièrement la Mauritanie voisine vient d'entériner la decision de libérer son secteur audiovisuel, à l'instar de ce qui s'est fait dans tous les pays du Maghreb, à present, à l'exception de l'Algérie ? «Khoussousiate» ? Notre pays est-il si spécial que ça par rapport à tous les pays du globe ? Et jusqu'à quand cette situation de bâillonnement des medias lourds qui ne cesse de perdurer au point d'arriver à faire douter les meilleures volontés qui se mettent à soupçonner, en fin de compte, d' obscurs desseins animant certaines tendances influentes des pouvoirs centraux qui semblent loin de s'embarrasser d'idéaux démocratiques et de libertés citoyennes, abandonnant ces «idylles» aux réveurs, leurs intentions semblant bien plus prosaiques: c'est-à-dire terre à terre, ayant trait à des questions de dividendes à soutirer de cette importante source potentielle de revenus et rentes à faire fructifer exclusivement au profit des familiers et tiers associés, comme l'esquisse si bien l'article édifiant de Mohamed Bouazdia d'El- Khabar. Et s'il en est ainsi, l'ouverture du secteur audiovisuel en Algérie n'est pas pour demain, ce qui place désormais notre pays sur le plan médiatique–télévisuel parmi les rares pays à travers le monde à demeurer hostiles à l'ouverture de leur champ audiovisuel : une carence chez nous dont ont grandement profité, il y a peu de temps, les chaînes satellitaires égyptiennes, à l'occasion des brouilles qui ont entouré les confrontations footbalistiques de qualification au Mondial 2010 , pour agresser les Algériens jusque dans leurs foyers et leur histoire ! (A suivre)