L'accord de Madrid, signé le 14 novembre 1975 par l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie établissant les conditions du retrait espagnol du Sahara occidental et le partage du territoire entre le Maroc et la Mauritanie « est nul et non avenu ». C'est ce qu'ont déclaré, hier, les participants à une rencontre-débat organisée au Centre d'information sahraoui à Alger. Le représentant du Font Polisario au Moyen-Orient, Mustapha Mohamed Lamine, a rappelé que la résolution 1514 du 14 décembre 1960 portant indépendance des pays et des peuples colonisés, les résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU, notamment celle adoptée le 14 décembre 1970 après la révolte de Zemla dans la ville d'El Ayoun occupée, octroient le droit à l'autodétermination au peuple sahraoui. L'intervenant s'est référé à l'appui du Mouvement des pays non-alignés et de l'Organisation panafricaine. « Il y avait les faits sur le terrain, mais l'accord n'en a pas tenu compte », a-t-il souligné, ajoutant que « le peuple sahraoui était en révolte et n'a pas été consulté ». Mohamed Lamine est revenu sur l'enquête de la mission des Nations unies en 1975, qui avait conclu que « le peuple sahraoui soutenait largement le Font Polisario ». Il a également évoqué l'avis consultatif de la Cour internationale de justice de La Haye de 1975. Le document juridique avait infirmé toute allégeance du Sahara occidental au Maroc. « Cet accord a violé le principe des intérêts de la région maghrébine en ignorant le rôle du peuple sahraoui et de l'Algérie qui est un pays voisin », a-t-il indiqué. Le caractère de nullité de l'accord de Madrid provient du texte qui au lieu de préserver les intérêts des pays de la région a renforcé ceux de l'Espagne dans son ancienne colonie. « La question sahraouie est une affaire de décolonisation », a estimé, pour sa part, le politologue algérien Smaïl Debbech. « Le processus est toutefois bloqué par une stratégie internationale globale, celle-là même qui empêche la création d'un Etat palestinien », a-t-il ajouté. L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Bouchraya Hammoudi Bayoune, a estimé que la plus grande erreur commise par les signataires de l'accord de Madrid a été de sous-estimer la détermination du peuple sahraoui. « Ils pensaient qu'il allait finir par baisser les armes. La guerre a ensuite duré 16 ans et le cessez-le-feu a été signé en 1991 en vue de l'organisation du référendum d'autodétermination sous les auspices de l'ONU », a-t-il indiqué. « Notre peuple est prêt à reprendre les armes bien que cela ne soit dans l'intérêt de personne », a-t-il poursuivi. « La RASD demande à la communauté internationale à trouver une solution pacifique au conflit », a-t-il conclu.