Le démenti a d'abord pris la forme d'un incroyable dérapage accordant au chef du parti europhobe Ukip, Nigel Farage, le privilège de représenter en ambassadeur attitré la Grande–Bretagne aux Etats-Unis. Si la réplique cinglante de Downing Street ne s'est pas faite attendre, affirmant qu'il n'y avait pas de « poste vacant, l'alliance entre le champion du Brexit et de l'anti mondialisation à l'américaine est rapidement établie et conclue par une rencontre inédite. Nigel Farage a été le premier homme politique britannique à rencontrer le président élu américain, à New York. Le credo de « l'Amérique d'abord » a été brandi pour légitimer le passage à l'acte pour « réformer » la classe politique, de « reconstruire notre classe moyenne » et de « rendre l'Amérique meilleure pour tout le monde ». Dans une courte vidéo, diffusée lundi dernier, le président Trump a déclaré que, parmi les 6 mesures phares prises pendant ses 100 premiers jours de grâce, le retrait sans appel des Etats-Unis du traité commercial transpacifique (TP P), signé en 2015 par douze pays de la région Asie-Pacifique, à l'exception de la Chine, sera effectif au premier jour de sa présidence. Ce partenariat qualifié de « désastre total » pour les Etats-Unis sera remplacé par des traités bilatéraux qui, selon lui, ramèneront « les emplois et l'industrie sur le sol américain ». L'heure du protectionnisme redouté par la chancelière allemande, Angela Merkel, qui s'est interrogéé sur l'avenir de la Tafta, le traité de libre-échange transatlantique, a irrémédiablement sonné. Le cap est mis sur un programme centré sur l'isolationnisme et le protectionnisme. Les grands axes traduisent un durcissement en matière de sécurité, d'immigration et d'islamophobie. En attendant les nominations attendues après la grande fête familiale de Thanksgiving, jeudi, les partisans de la ligne dure sont aux premières loges. C'est le cas notamment du général à la retraite James Mattis, 66 ans, présenté comme « un possible ministre de la Défense » et connu pour sa défiance légendaire avec l'Iran. Dans le domaine de la sécurité nationale, le principal conseiller de Trump, l'ancien général Michael Flynn, se distingue par son rejet de l'extrémisme religieux et son penchant pour une ouverture avec la Russie. Mais le chantier de la lutte contre l'immigration est particulièrement privilégié. Ainsi, après avoir procédé à la nomination du ministre de la Justice prônant une ligne dure, le sénateur Jeff Sessions, le 45e président américain veut « enquêter sur les abus des programmes de visas » pour ne pas disqualifier le « travailleur américain », fait-il savoir. Toutefois, les propositions jugées scandaleuse sur le mur entre le Mexique et les Etats-Unis, l'expulsion massive des sans-papiers, la limitation d'entrée sur le territoire des musulmans, n'ont pas été encore remises à l'ordre du jour. Recul ou choix des priorités dans l'agenda présidentiel ? L'autre thème important de l'apôtre de l'antimondialisation réside indéniablement dans le refus de l'accord de Paris sur le réchauffement climatique. Trump a confirmé, à cet effet, l'annulation pure et simple des « restrictions tueuses d'emplois dans la production » d'énergie, y compris le gaz et le pétrole de schiste et le charbon propre, pour mieux créer « plusieurs millions d'emplois bien payés ». La thérapie de choc, du nouveau président qui prendra ses fonctions le 20 janvier, est en marche.