Invité au forum d'Echaâb, l'ex-ministre a tenu à préciser, au début de son intervention, que la majorité des Algériens savait écrire et lire avant l'invasion des Français en 1830. Il explique que rien qu'à Alger, il y avait 36 medersas, 22 autres à Tlemcen ainsi que des zaouïas au sein desquelles, les Algériens apprenaient à lire et à écrire sous l'occupation ottomane. Mais ces lieux du savoir ont été fermés quelques années après l'occupation française qui a mis en place une politique délibérée visant à faire le lit d'un illettrisme chronique au sein de la population algérienne. « Il y avait l'effondrement total de la culture algérienne », souligne Benachenhou en évoquant le rôle de l'Emir Abdelkader dans la perpétuation de la culture algérienne. « Il était l'un des meilleurs intellectuels de cette époque », explique le conférencier. Ce dernier dira que ce n'est que vers les années 1860-1870 que la France a décidé d'ouvrir les écoles « aux indigènes ». En prenant le soin d'interdire l'enseignement de l'arabe. Durant ces années, des Algériens ont commencé à créer des écoles clandestines pour enseigner l'arabe et le Coran jusqu'à 1900, où un semblant d'élite algérienne commençait à voir le jour. L'orateur évoque l'émergence d'Ismaïl Hamid qui avait écrit un livre sur l'unité des Algériens qui tiennent à leur culture arabo-musulmane. Dans son livre, raconte Benachenhou, ce premier écrivain algérien avait réservé une page pour évoquer les intellectuels algériens de cette époque. Il parlera ensuite du premier médecin algérien, en la personne d'un certain Benameur, fils d'un caïd de Nedroma qui a étudié en France pour obtenir son doctorat de médecine. Même si l'administration interdisait aux Algériens de créer des associations, un mouvement de jeunes Algériens (Ikhouane) a vu le jour pour demander l'égalité entre les intellectuels algériens et français. Il a fallu attendre 1924 pour voir naître le mouvement de l'Etoile nord-africaine, sous la férule du Parti communiste français, a-t-il expliqué encore. Un mouvement qui sera guidé par un fils de paysan de Tlemcen, un apprenti coiffeur qui n'est autre que Messali Hadj. Ce dernier part en France et c'est là qu'il s'est forgé une culture politique. En 1927, il participe à un congrès à Bruxelles sur les peuples opprimés. « C'est le premier Algérien qui a eu le courage d'appeler à mettre fin au colonialisme français en Algérie. Il a présenté un programme qui a servi de canevas aux autres peuples colonisés », raconte Benachenhou en évoquant le rôle d'un groupe d'intellectuels algériens, à sa tête Ferhat Abbas et le groupe de Zaoualiya (FLN). C'est en 1954 qu'une jonction a été faite entre les différents mouvements algériens et fut déclenchée la lutte armée. L'honneur en revient à des hommes comme Abane Ramdane, Ahmed Ben Bella ou Abdelhafidh Boussouf et bien d'autres qui ne sont pas forcément tous des intellectuels mais dont la clairvoyance a pu mobiliser le peuple autour de la cause de l'indépendance.