Les opérateurs économiques en Algérie ne font pas de différence entre la concurrence loyale et la concurrence déloyale. C'est ce que constate le Conseil national de la concurrence (CNC) qui a animé, hier, une conférence de presse à l'hôtel El Aurassi (Alger). « Le Conseil est rarement saisi ou sollicité pour information par les entreprises nationales. Chose que nous déplorons. Nous sommes encore loin de maîtriser le concept de la concurrence loyale et de la concurrence déloyale », relève le président du Conseil national de la concurrence, Amara Zitouni. Parmi les actions entreprises en 2015 par le Conseil pour sensibiliser les opérateurs économiques sur la concurrence, le lancement d'un programme de conformité au profit de 71 entreprises nationales. Selon lui, 7 entreprises uniquement ont adhéré à ce programme qui met en exergue les bienfaits de la concurrence. « Pour des raisons de moyens, nous n'avons pu faire connaître davantage ce programme auquel les entreprises adhèrent d'une façon volontaire. Nous avons fait appel à la Commission européenne qui a accepté de ramener des experts et de financer des journées d'étude en Algérie sur ce programme », fait-il savoir. Les entreprises étrangères installées en Algérie, en revanche, souligne-t-il, font appel à ce Conseil pour porter plainte ou s'informer. A ce propos, Mohamed El Bey, membre du Conseil, signale une douzaine de plaintes transmises au CNC en 2015. « Les infractions récurrentes rapportées par nos plaignants portent surtout sur des attitudes de discrimination, d'entente économique conclue entre des entreprises et dominance de certains opérateurs », souligne-t-il. Le président du CNC a rapporté que des plaintes ont été exprimées contre de grosses firmes publiques, telles Sonatrach et Lafarge, pour discrimination et dépendance économique. « Sonatrach, qui s'est bien défendue par une péliade d'avocats très connus à Alger, s'est engagé à régler le problème. Nous comptons suivre de près le respect de ses engagements. Quant à Lafarge, le dossier d'enquête est toujours en cours », explique-t-il. Interpellé sur le marché de l'automobile, marqué par une hausse vertigineuse des prix, Zitouni a déclaré que le Conseil n'a reçu aucune plainte, ni de la part des opérateurs économiques ni de la part des consommateurs. « Le CNC devait être consulté avant la promulgation du décret relatif aux licences d'importation. La loi l'exige. Nous avons dénoncé cela et les parties concernées, tout en reconnaissant avoir commis une faute, se sont engagées à ne plus laisser le Conseil de côté », confie-t-il. Le CNC n'est pas autonome, d'après lui, alors qu'il doit l'être. « Le CNC est une institution qui doit être autonome pour accomplir sa tâche en toute transparence. Les textes réglementaires relatifs à la concurrence ne sont pas cohérents. La loi doit être révisée car la concurrence évolue en fonction de l'évolution du marché », dit-il en appelant à ce que les principes de la concurrence évoqués dans la Constitution soient mis en œuvre le plus vite possible.