Pour la soirée inaugurale, le séduisant duo de comédiennes Linda Sellami et Amel Menghad a d'une manière théâtrale présenté le programme. La magie a opéré. Dix-sept pièces théâtrales seront présentées jusqu'au 2 décembre prochain. En marge des représentations, des conférences et rencontres sur la critique, la mise en scène et le théâtre universitaire sont au programme. Une rencontre, organisée en collaboration avec l'Université d'Alger, est consacrée aux procédés de mise en scène dans le théâtre algérien comparé aux autres théâtres. Créer une dynamique permanente Azzedine Mihoubi s'est dit heureux de retrouver la convivialité théâtrale. « Beaucoup d'encre a coulé au sujet du maintien du festival », a-t-il affirmé. Il a appelé les organisateurs et les responsables du secteur du théâtre de travailler en synergie avec les théâtres régionaux, de manière à créer une dynamique permanente. Il a aussi exhorté les responsables des théâtres régionaux à « s'ouvrir sur les créations théâtrales des coopératives et associations culturelles ». Il a insisté également sur la nécessité d'assurer une distribution optimale de leurs productions. Les ressources humaines de gestion des théâtres doivent également « être revues pour une plus grande ouverture sur la création », a indiqué le ministre ajoutant que ces institutions avaient aujourd'hui besoin de sang neuf ». Il a annoncé enfin que la ville de Mostaganem sera la capitale internationale du théâtre en 2017. Il a conclu en précisant qu'il reste à l'écoute des créateurs et que le ministère de la Culture accompagnera, malgré la conjoncture actuelle, les projets ambitieux et sérieux. « Il est toutefois difficile de financer 100% de la production et de l'activité culturelle sur les deniers publics », vu « la situation économique actuelle », a-t-il précisé Lors d'une brève allocution, Mohamed Yahiaoui, directeur du TNA et commissaire de ce festival, a affirmé que « le festival revient avec des productions nouvelles, un programme riche ». Un juste équilibre La pièce « El Iskafia al ajiba » (La Savetière prodigieuse), du Théâtre régional de Skikda, a ouvert le bal en présence d'un public nombreux. Adaptée d'une œuvre du dramaturge et poète espagnol Federico Garcia Lorca et mise en scène par Aïssa Djegati, la pièce scindée en deux actes mêle théâtre, musique et danse durant plus d'une heure. Cette œuvre relate la vie d'un couple, avec une vision de la vie contradictoire. La savetière, jeune et frétillante s'affronte à son mari, cordonnier, âgé et tourmenté. Elle passe les trois quarts de son temps à le critiquer et à répondre aux calomnies des voisins du village. Ereinté par cette « insoutenable » situation, le mari quitte le foyer. Plus tard, le mari retourne au village, se déguisant en un narrateur et invite les habitants à se rassembler. Le spectacle raconte son histoire émouvante. « La pièce où évoluent onze comédiens aborde, selon Aïssa Djegati, les thèmes du désir, de l'amour, l'illusion et surtout la fidélité conjugale ». Elle est très rythmée notamment à travers les passages de la parade des courtisans, les apparitions récurrentes de commères et la clameur des villageois, le tout sur fond de flamenco. Cette production, présentée pour la première fois à Skikda en octobre dernier, a également trouvé le juste équilibre entre un jeu de comédiens profond, une occupation optimale de la scène et un aspect spectaculaire traduit par des compositions musicales et de brefs tableaux chorégraphiques signés Slimane Habès. Des cadres de fenêtres et de portes en bois, peints en blanc, sont ouverts sur l'espace extérieur et délimitent la scène. La légèreté de la scénographie et les accessoires n'ont pas empêché le public d'apprécier ce spectacle monté en quarante-cinq jours. Il a été conquis par la prestation de la jeune Kenza Ben Boussaha (la savetière) qui a offert des répliques truculentes. « C'est un rôle de composition très complexe. J'ai beaucoup appris de ce personnage », dira-t-elle. Elle a eu droit à une grande ovation à la fin de ce spectacle. La pièce créée en 1930 reste toujours d'actualité. Elle suscite des questionnements autour des relations conjugales, des rapports avec l'autre et des codes de la société.