Scène n «El Iskafia», une adaptation de l'œuvre (La Savetière prodigieuse) du poète et dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca, a été présentée, hier, sur les planches du Théâtre national algérien, inaugurant ainsi la 11e édition du Festival national du théâtre professionnel (FNTP). Produite par le théâtre régional de Skikda, cette pièce, présentée en langue arabe classique et mise en scène par Aïssa Djekati, est une comédie. Elle raconte l'histoire d'un cordonnier de cinquante ans ayant épousé une jeune femme dans la fleur de l'âge et, de surcroît, courtisée par tout le village. Ce mariage n'est pas de tout repos. La jeune femme mène à son époux une existence infernale, lui faisant payer le prix de sa fraîcheur et de sa beauté. Témoin-voyeur de cette situation turbulente, tout le village, composé de commères ou de séducteurs, arbitre le conflit, l'épiant, le commentant, tentant d'en tirer profit. Le jeu s'est déroulé dans un espace scénique clos, balisé par un décor minimaliste suggérant l'intérieur d'une maison et une rue, où ont évolué les onze comédiens qui ont plongé le public dans l'univers des gitans et de l'Andalousie des années 1930 tant par leur prestation remarquable que par le choix des costumes. Le Festival national du théâtre professionnel se poursuivra jusqu'au 2 décembre. Et à cette occasion, les planches du Théâtre national algérien vont accueillir 17 troupes de théâtre professionnel. Ces troupes représentent des théâtres régionaux à travers le pays, ainsi que deux pièces produites par les associations Nawariss de Blida, ainsi que Belliri de Constantine. Ces troupes, qui vont se disputer le sacre final lors de cette compétition, mais aussi donner du plaisir aux férus du 4e art, donneront des spectacles tout au long de la durée du Festival et ce, à raison de deux représentations par jour, une première à 15h et une seconde à 19h. En marge de la compétition officielle, quatre pièces sont également programmées en hors compétition. Elles seront jouées à la salle Les Jeunes, ex-Casino, à Alger-Centre. Le programme de la 11ème édition du FNTP prévoit, outre les représentations, trois conférences. La première a pour titre «Le théâtre et l'immigration» ; la seconde abordera «La mise en scène dans le théâtre algérien» ; la troisième a pour thème «Le théâtre algérien et la critique universitaire». Cette présente du 11ème FNTP se déroule dans des conditions financières particulières après une réduction budgétaire de 90% (5 millions de dinars contre 50 millions en 2015), obligeant les organisateurs à «impliquer financièrement» les théâtres régionaux participant, a indiqué le commissaire du festival Mohamed Yahiaoui. Présent à l'ouverture du FNTP, le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, qui a réitéré le «soutien» de son département à la production théâtrale, a instruit les responsables des théâtres régionaux de «s'ouvrir sur les créations théâtrales des coopératives et associations culturelles» en insistant sur la nécessité d'assurer une «distribution optimale» de leurs productions. Il a, en outre, indiqué que les théâtres régionaux «ne devaient plus être des ghettos fermés qui ne produisent que leurs propres troupes». Il a estimé que «toute la production des théâtres, coopératives et associations doit être distribuée à travers le territoire national dans les théâtres régionaux, les maisons de la culture et les infrastructures du secteur pouvant accueillir les spectacles». Il a, ensuite, ajouté que «les ressources humaines de gestion des théâtres doivent également être revues pour une plus grande ouverture sur la création», c'est-à-dire que «ces institutions avaient, aujourd'hui, besoin de sang neuf».