Zitouni a prononcé un discours sur le parcours du premier président de l'Algérie indépendante, devant un parterre d'hommes politiques, de membres de la famille révolutionnaire notamment des enfants de chouhada. Selon lui, « Ahmed Ben Bella est une figure emblématique de l'histoire de l'Algérie, un homme attaché aux principes du 1er Novembre ». « Il était un des plus éminents dirigeants de l'Etat algérien moderne et un sage dirigeant africain », a rappelé Zitouni, invitant les universités à entamer des recherches sur ce géant de la Révolution algérienne. Le ministre a évoqué la vie de l'homme à qui le président de la République avait décerné, en 2005, le doctorat honoris causa. Lors de cette cérémonie, Abdelaziz Bouteflika avait affirmé alors que « Ben Bella est le plus édifiant exemple de sacrifice, de pureté, de patience et de droiture, non seulement pour le peuple algérien, mais pour tous les peuples maghrébin, arabe et africain ». Poursuivant son discours, Zitouni a soutenu que « le fils de Maghnia a fait partie des militants de la première heure et de ceux qui avaient planifié les différentes étapes de la guerre de Libération ». Lors de cette rencontre abritée par le palais de la culture Abdelkrim-Dali de Tlemcen, en présence d'importantes personnalités dont les ministres des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, et de la Justice, Tayeb Louh, l'ex-ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, de nombreux orateurs se sont succédé à la tribune. Ainsi, le Suisse Jean Ziegler a estimé que « Ben Bella, au-delà de l'histoire maghrébine, appartient à l'histoire du monde ». Dans son témoignage lu par Sabéha Benmansour, présidente de la fondation Dib, Ziegler a rappelé que Ben Bella a accueilli Che Guevara et d'autres dirigeants de la conférence tricontinentale à Alger, transformant ainsi Alger en capitale internationale de la solidarité. « Avec Djamel Abdel Nasser, Ahmed Sekou Touré et Mobido Keïta, il fut un des fondateurs de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) », a-t-il rappelé. « Sitôt son indépendance acquise, l'Algérie est devenue la grande puissance de la Méditerranée méridionale. Une nation indomptable. Mais des forces obscures, sinistres, mues par l'envie et la volonté de briser l'insoumise ont tenté durant une décennie sanglante de détruire de l'intérieur l'Algérie souveraine. L'Algérie a vaincu et le président de la République a promulgué une loi de réconciliation visionnaire », a-t-il clamé. Livres de Ben Bella pour l'université de Tlemcen Le témoignage de Ziegler fut touchant. Il a rappelé que Ben Bella a été, durant toute sa vie, un homme habité par une foi profonde. « Il était un homme d'espérance, convaincu que l'histoire a un sens, que l'humanisation de l'homme est son horizon », a-t-il conclu. Pour sa part, Abdelkader Messahel a évoqué l'attachement de Ben Bella à l'Afrique. « C'était un panafricaniste qui a marqué l'histoire du continent », a-t-il affirmé. Dans ce même contexte, l'ex-ministre malienne Animato Traoré a parlé de la grandeur de l'homme, notamment son combat dans le cadre Nord-Sud. « Ben Bella est un père spirituel et m'a encouragée à mener le combat contre l'injustice et la violence », a-t-elle témoigné. Elle se pose en héritière du combat de Ben Bella visant à rétablir la dignité africaine. Elle invitera les étudiants et chercheurs « à mieux comprendre l'homme et sa vie ». Organisée par l'université Abou-Bakr-Belkaïd de Tlemcen et placée sous le patronage du président de la République, la manifestation a été marquée par l'organisation d'une exposition photos, l'inauguration d'une stèle commémorative, la baptisation au nom de Ben Bella de la bibliothèque de la faculté des sciences humaines et sociales de l'université de Tlemcen. Cette dernière a été dotée de 8.500 livres appartenant à Ben Bella. Par ailleurs, les lauréats du concours du meilleur ouvrage sur la vie et l'œuvre d'Ahmed Ben Bella ont été honorés. Il s'agit de Dali pour son roman « Histoire d'un voyage interminable » et de Najete Abdou pour sa recherche sur « Ben Bella, un militant et moudjahid algérien maghrébin ». De nombreuses conférences seront données lors du colloque qui sera clôturé ce soir avec la lecture d'une série de recommandations. Rappelons qu'Ahmed Ben Bella, né le 25 décembre 1916, est décédé le mercredi 11 avril 2012 à Alger, à l'âge de 96 ans.