La Direction générale de la Protection civile (DGPC) a lancé, depuis hier, une vaste campagne de sensibilisation contre les dangers et périls induits par l'usage et la manipulation des produits pyrotechniques et les bougies. La nouveauté cette année consiste en l'accompagnement de la campagne par une exposition de photos des blessés suite à l'utilisation de ces produits, a annoncé, hier, le sous-directeur des statistiques et de l'information de la DGPC, le colonel Farouk Achour. Une conférence de presse a été organisée au niveau de l'espace médiatique de la Protection civile à Aïn Naâdja, en présence de l'inspecteur général de la PC, du directeur de la prévention, le colonel Farid Nechab, des représentants des services de sécurité et des membres de l'Association nationale de sensibilisation et de prévention des brûlés. L'officier supérieur de la PC a expliqué que cette campagne va toucher particulièrement la population scolaire à travers un travail de proximité, animé par des chargés de la prévention et des psychologues de la Protection civile. Et par des émissions médiatiques. Des recommandations ont été également publiées sur le site de la DGPC et sa page facebook sur les règles de prévention. Le colonel Achour a mis l'accent sur le rôle des parents car la sécurité des enfants relève de leur responsabilité et ne doivent pas exposer au danger leur progéniture en les autorisant à manipuler ces produits dangereux. « Ils doivent expliquer à leurs enfants les dangers comme le risque de l'explosion à la main, les brûlures des yeux, la perte définitive de l'audition », a-t-il prévenu. « La manipulation des bougies et cierges doit tenir compte des consignes de sécurité, notamment leur placement loin des tentures et meubles afin d'éviter le départ d'incendies », a-t-il indiqué. La Protection civile a mis en garde contre l'utilisation des produits pyrotechniques à l'intérieur des habitations, devant les hôpitaux, près des voitures et des stations d'essence. Sur le plan opérationnel, un dispositif de prévention composé de camions anti-incendie et d'ambulances est prévu afin de répondre le plus vite aux appels d'intervention et d'assistance. « Toutes les unités d'intervention seront mises en alerte. » Le même responsable a saisi la présence des représentants des services de sécurité pour plaider la conjugaison des efforts « en tant qu'institutions publiques concernées par la santé et la sécurité ». Constat de la Protection civile : l'usage et la manipulation des produits pyrotechniques se sont étendus aux autres jours de l'année « en raison de leur disponibilité, malgré leurs prix exorbitants, ainsi que la facilité de l'écoulement de la marchandise ». « Cette situation nous met face à la responsabilité d'assurer une large médiatisation des risques générés par ces produits dangereux », a souligné le colonel Farouk Achour. L'instruction du Premier ministre De son côté, le représentant de la police, le commissaire divisionnaire Madjid Saâdi de la Direction de la sécurité publique (DSP), a indiqué que les pouvoirs publics ont pris des mesures pour la lutte contre ce commerce illicite, qui constitue aussi une atteinte à l'ordre public, rappelant l'instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de 2015. « Tous les services de sécurité et les services et institutions concernés ont été instruits par le Premier ministre pour lutter efficacement et sans répit contre ce phénomène. » Une note est transmise à tous les services de police pour la mise en œuvre d'un plan d'action. L'officier supérieur de la police a signalé que le dispositif de la DGSN repose essentiellement sur l'identification des fournisseurs et la localisation des dépôts de stocks de ces produits. « Depuis le début de l'année, 350 interventions ont été menées ayant abouti à la saisie de 4 millions d'unités de produits pyrotechniques grâce au travail de renseignement, le contrôle routier et l'occupation du terrain », a-t-il dit. Le sous-directeur chargé de la lutte contre la contrebande à la Direction générale des Douanes algériennes, Rezki Hannad, a saisi l'occasion pour répondre aux critiques sur la disponibilité des produits pyrotechniques, en dépit des saisies opérées par les différents services de sécurité. « Des douaniers et des éléments des différents services de sécurité sont mobilisés notamment au niveau des frontières terrestres est et sud-est et encourent tous des risques et des dangers dans l'exercice de leurs missions. » En chiffres, les douaniers ont saisi 55 millions d'unités de produits pyrotechniques en 2016. « On fait face à de nouveaux modes opératoires, ce n'est plus la contrebande classique notamment avec la conjoncture sécuritaire régionale », a-t-il révélé. Le cadre des douanes a souligné que la responsabilité n'incombe pas seulement aux services de sécurité. « La demande est très forte. Elle ne peut diminuer que par la sensibilisation des consommateurs notamment sur les dangers et les conséquences sur la santé, l'économie et la sécurité », a-t-il assuré. Pour sa part, la présidente de l'Association nationale de sensibilisation et prévention des brûlés, le Dr Meriem Bahloul, a mis en exergue l'importance de la sensibilisation notamment aux risques de brûlure et blessure qui peuvent provoquer un cancer de la peau. La praticienne a proposé l'élaboration d'une étude sociologique sur l'utilisation excessive des produits pyrotechniques, qui ne se limite plus à la fête du Mawlid. Enfin, le directeur de la prévention de la PC, le colonel Farid Nechab, a appelé les médias à contribuer dans cette campagne « afin d'informer et sensibiliser la population sur les dangers et les risques ». Neïla Benrahal A retenir Les unités opérationnelles de la Protection civile ont effectué 6.499 interventions depuis l'année 2014 durant la fête du Mawlid Ennabaoui dont des interventions dans 35 incendies ayant causé 1 décès et 8 blessés graves notamment à Alger, Blida et Tamanrasset.