« L'évaluation du cycle de formation des journalistes est positive car nous avons constaté une amélioration dans la presse algérienne non seulement grâce aux formations académiques mais aussi au haut niveau de conscience des journalistes qui ont compris que seule une presse qui travaille avec exactitude et sait se différencier de ce qui se fait sur les réseaux sociaux est capable de se développer et peut continuer à exister », a-t-il souligné, hier, dans une allocution en préambule à la conférence de formation intitulée « Le journalisme et l'impératif du zéro défaut », animée par Guy Bernière à l'Ecole supérieure de journalisme à Alger. Pour lui, la presse algérienne, comme toute la presse à travers le monde, a les défauts de son âge. « C'est une presse jeune, talentueuse et dynamique », a-t-il dit en marge de la conférence. Le problème de la presse algérienne, à l'instar de la presse mondiale, c'est qu'elle est dans « le temps court alors que le politique est dans le temps long ». Cela fait que le journaliste, sous la pression des réseaux sociaux et des éditeurs qui exigent un article quotidiennement, voire un scoop, « n'a pas le temps de vérifier l'information », a-t-il souligné. Il a appelé les journalistes « à procéder à la vérification de toute information qu'ils reçoivent. « Si ce n'est pas possible, il ne faut pas la publier car elle peut porter préjudice. » Il a fait remarquer qu'« on voit de moins en moins l'amplification, la dramatisation de l'information et de la diffamation dans la presse algérienne, ce qui est un très grand progrès ». Dans ce même contexte, le ministre a estimé que l'objectivité n'existe pas dans le métier de la presse et que le journaliste doit plutôt travailler avec exactitude. « Je n'ai jamais cru à l'objectivité qui n'existe pas dans notre métier mais plutôt à l'exactitude qui est nécessaire dans la collecte de l'information », a-t-il ajouté, rappelant que la perfection n'existe pas non plus dans ce métier. Evoquant la couverture médiatique du dernier forum africain d'investissements et d'affaires, le ministre a relevé « la grande spéculation » qui a entouré l'évènement. « J'ai lu beaucoup de spéculations mais je n'ai pas vu, en tant que lecteur, un article qui m'explique la situation avec ses tenants et ses aboutissants », a-t-il précisé. « Il y a eu des anathèmes sur les uns et sur les autres. Je n'ai pas vu un responsable parler pour dire ce qu'il s'est passé. Peut-être que c'est un petit problème, peut-être que c'est autre chose. En tant que lecteur, je ne sais pas. Les journalistes sont là pour expliquer, et non pas commenter. Ils sont tenus de dire ce qu'il s'est passé : est-ce qu'il y a eu une bonne organisation ou non ? », a-t-il indiqué. Il a appelé les journalistes à s'éloigner des explications passionnées. « Le jour où je verrai une explication de source identifiée qui s'exprime que ce soit du ministère des Affaires étrangères ou du Forum des chefs d'entreprise, là je peux vous dire que nous sommes dans le temps long dès lors que nous avons une explication dépassionnée », a-t-il dit, précisant que « le journaliste doit aussi être dans le temps long ». Le ministre a précisé, par ailleurs, qu'il n'y a aucun « blocage » dans la communication institutionnelle étant donné que chaque ministère a une cellule de communication et chaque ministre communique lui-même après avoir « préparé les éléments de langage », a-t-il dit. « Le ministre a un Premier ministre. Il ne peut pas dire n'importe quoi car il est responsable de ses propos », a-t-il ajouté. « Les empressements constatés chez certains responsables, pas chez les ministres, créent un effet boule de neige. C'est pour cela que chaque responsable doit être prudent et tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », a-t-il dit. Sur les nombreuses rumeurs qui circulent sur le remaniement gouvernemental, Hamid Grine a qualifié cela « de bruits médiatiques » en affirmant qu'il « ne croit que ce qu'il voit » d'autant que le remaniement relève des prérogatives du président de la République.