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«Un journaliste qui révèle des problèmes, des faits de corruption, d'inégalité et d'injustice est un bon patriote» Edwy Plenel. Directeur du site Mediapart
Edwy Plenel est le directeur du journal participatif en ligne Mediapart qui a révélé, depuis sa création en 2008, plusieurs scandales politiques et financiers en France, le dernier en date étant l'affaire Cahuzac, ministre socialiste du Budget, qui avait un compte bancaire illégal en Suisse. M. Plenel était directeur du quotidien Le Monde entre 1996 et 2004. En tant que journaliste politique de ce journal, il a été victime des écoutes téléphoniques de l'Elysée sous Mitterrand dans les années 1980 et a subi des grandes pressions à cause de ses enquêtes. Il est, par ailleurs, co-fondateur et secrétaire général du Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (SPIIL) créé en 2009. Il gère également le FrenchLeaks, partenaire de WikiLeaks. En 2012, il reçoit à Alger le 13e prix Omar Ouartilane de la liberté de la presse. Dans ce long entretien, il évoque le rôle que devrait jouer un journaliste indépendant et explique sa vision de la liberté de la presse, tel que mentionné dans son nouvel ouvrage, Le Droit de savoir, publié en mars dernier aux éditions Don Quichotte. - Brièvement, quelle est la différence majeure entre la notion de «droit de savoir», titre de votre nouveau livre, avec celles du «droit à l'information» et le «droit à la communication» ?
Le droit de savoir est une façon de dire qu'on se place du point de vue des citoyens, du peuple et que celui-ci a le droit de savoir tout ce qu'on fait en son nom. Pour être libre et autonome, il faut qu'il sache que ceux qui le représentent, ceux qui le gouvernent, ceux qui ont du pouvoir font en son nom. C'est un droit démocratique fondamental. Et de ce droit de savoir, qui est au cœur de la démocratie, découle la responsabilité des journalistes dans leur devoir d'information. Aujourd'hui, le droit de savoir ne repose pas que sur le droit des journalistes, il y a aussi le fait de défendre le libre accès à des données publiques grâce au numérique ou ce qu'on appelle l'open-data. Ce droit de savoir fait porter aux journalistes une responsabilité démocratique et un devoir social qui est de se mettre au service de la révélation, la production et la découverte d'informations d'intérêt public. Mon propos, au fond, c'est de mettre en garde contre l'illusion que la liberté d'expression, ce serait simplement échanger des opinions. Si on échange des opinions sans savoir, on entre dans une fiction, l'illusion du débat d'opinions au lieu d'être dans un débat d'informations qui concerne la réalité. En fait, toutes ces notions sont des synonymes puisque, à notre ère, «informer» et «communiquer», c'est «échanger». Par contre, je trouve que la formule «droit de savoir» est plus radicale. Elle dit «j'ai le droit de savoir» par rapport aux différents pouvoirs, qu'ils soient politique ou économique, qui mettent des entraves, justement, à ce droit de savoir. Ils disent qu'ils ont des secrets légitimes : les secrets des affaires, le secret d'Etat, etc. Et moi, je dis non ! Le secret est l'exception. Le droit fondamental est le droit de savoir. Tout ce qui est d'intérêt public doit être public. C'est l'incarnation du droit de savoir qui fait que l'on peut et l'on doit être informé et que l'on doit pouvoir communiquer.
- Vous marquez également une frontière bien précise entre la liberté d'expression et le droit de savoir…
C'est toujours la question de l'opinion. Je pense que l'opinion n'appartient pas aux journalistes. L'opinion, ou la liberté d'expression, est le droit de tous les citoyens. Nous avons tous une opinion et, à l'époque du numérique, d'internet et des réseaux sociaux, les citoyens peuvent beaucoup plus librement exprimer directement leurs opinions. En revanche, il faut dire que le journaliste doit être au service non pas de cet échange d'opinions qui ne lui appartient pas, qui n'est pas son privilège, mais de la production de ce que j'appelle les vérités de fait. C'est-à-dire des informations vérifiées, recoupées, sourcées, qui permettent aux citoyens de débattre à partir de la réalité, car si on est uniquement dans l'affrontement des opinions, on est rapidement dans la guerre de tous contre tous. Mon opinion contre la vôtre, mon préjugé contre le vôtre, ma communauté contre la vôtre, ma religion contre la vôtre, ma croyance contre la vôtre, mon origine contre la vôtre, etc. Je pense que construire une société démocratique, c'est faire en sorte que le débat d'opinions ait lieu autour des informations, autour de ces vérités de fait. Et c'est cela, notre devoir de journalistes. J'ai remarqué, par contre, que le début d'une presse démocratique est souvent marqué par une tendance à être trop dans l'opinion et pas assez dans ce travail d'information. Or, je crois que l'information sur la société, par l'enquête et le reportage, est autrement utile pour faire avancer le peuple, faire avancer la démocratie. - L'une des premières questions que vous posez dans votre livre est : «Pourquoi le journaliste d'investigation est-il décrié quand il assume vraiment son rôle ?». Avez-vous trouvé une réponse depuis ?
Ce que traduit la détestation, les critiques, les polémiques autour du journalisme d'enquête, d'investigation, de révélation c'est, en fait, un très faible esprit démocratique, une trop faible exigence démocratique, une très faible vitalité de la démocratie. Donc le problème n'est pas tant le journalisme que l'état de la démocratie. Dans l'affaire Cahuzac, on a bien vu que la démocratie française n'a pas fonctionné. Les faits de Mediapart étaient sur la place publique. Tout le monde pouvait les regarder et, au fond, il y a une complicité de mensonge de la part de la majorité de la classe politique, droite comprise, toutes tendances confondues, et de la majorité du monde médiatique. C'est cela, le choc de l'affaire Cahuzac. C'est que les gens du monde politique et du monde médiatique n'ont pas voulu voir l'information. Ils ont même, pour certains, essayé de la tuer. On voit donc que le système démocratique n'a pas bien fonctionné. Il n'y aurait pas eu l'entêtement de Mediapart, toute cette affaire serait étouffée. - Dans ce sens, vous reprenez une citation très expressive : «Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.» Certains confrères de la corporation reprochent, par exemple, à Mediapart en France et à El Watan en Algérie de dévoiler des affaires qui «ternissent» l'image du pays. Que pensez-vous de cette vision ?
Ma réponse est simple : le vrai amour de son pays est un amour critique car c'est en critiquant, en montrant ce qui ne marche pas qu'on pousse à améliorer, qu'on pousse à rendre meilleure la situation. Ceux qui endorment, qui disent souvent tout va bien, ce sont de mauvais patriotes. Je pense qu'un journaliste qui révèle des problèmes, qui dit qu'il faut regarder les faits de corruption, les faits d'inégalité et les faits d'injustice, ce journaliste-là est un bon patriote. Il fait confiance au peuple. Selon une formule employée par Albert Londres, «la France est une grande personne qui a droit à la vérité» et cela est valable aussi pour l'Algérie, une grande personne qui a droit à la vérité. - En effet, vous donnez dans votre ouvrage deux exemples de ce combat pour la vérité : celui de Joseph Pulitzer, dont le nom est attribué au prestigieux Prix Pulitzer de journalisme, et celui d'Albert Londres. Que faut-il en retenir ?
Ce sont deux personnages formidables. Albert Londres n'était pas du tout révolté à ses débuts. Il était un journaliste français bien installé dans l'establishment de son époque. En 1920, il va faire un reportage dans l'empire colonial en Afrique occidentale française. A ce moment-là, il est convaincu que la France c'est le droit, c'est la justice, c'est la liberté. Il avait un côté de petit Français sûr de lui. Sur le terrain, il découvre le vrai visage de la justice coloniale, le travail forcé, le racisme et les inégalités. Eh bien, au lieu de cacher cela il le raconte, alors que cela va contre la sensibilité de son journal et celle d'une partie de ses lecteurs. C'est là le miracle du journalisme, c'est quand le journaliste accepte de publier des informations qui dérangent, y compris lui-même. Tout le parti colonial lui tombe dessus, en vain. Il déclare : «Monsieur le ministre des Colonies, j'ai fini, à vous de commencer. Je vous ai montré une réalité. Et si vous ne bougez pas, si vous ne changez pas la situation, ces peuples se retourneront contre nous et ils auront raison.» Il a donc annoncé la décolonisation et la France ne l'a pas écouté. Quant à Pulitzer, à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis, dans un pays où l'on a le plein droit de s'enrichir, où l'on a l'éloge du self-made-man, il lance, dans son premier journal, une grande enquête sur les fortunes des riches de la ville où était basé son journal. Il démontra comment ils payaient très peu d'impôts et comment ils cachaient des parties de leur fortune. Il révèle les feuilles d'impôts et donne les noms. Là, c'est le parti de l'argent et des riches qui lui tombent dessus. Il répond : «Je n'ai rien contre la richesse. On a le droit de s'enrichir. Mais quand on s'enrichit, on ne le fait jamais seul. On s'enrichit parce qu'il y a un pays, parce qu'il y a une société, parce qu'il y a des conditions. Donc quand on s'enrichit, on doit rendre aussi. Celui qui a plus doit donner plus.» Il fait l'éloge de la solidarité qui permet d'avoir des routes, des hôpitaux et des écoles grâce aux impôts. Ces deux exemples sont formidables, car ils résument la responsabilité démocratique des journalistes. Le problème n'étant pas la ligne politique d'un journal, il faut d'abord que ce journal soit au service de ce droit de savoir, notamment sur ce qu'on ne voudrait pas montrer, qui dérange le pouvoir politique ou qui dérange le pouvoir financier. Ce sont nos deux adversaires.
- Cela nous amène à parler de vos convictions politiques à gauche qui vous ont valu, de la part de vos détracteurs, d'être traité de militant trotskyste. Les convictions sont-elles ennemies de la vérité ?
Je ne cache pas mon itinéraire. Ce qu'on appelle le trotskysme était un courant communiste qui a refusé que l'on mente au nom du communisme. Ce courant disait, par exemple, que les procès de Moscou étaient trafiqués et il refusait les goulags qui étaient des camps de concentration de travail forcé. Il épousait donc l'idée du progrès et du changement, tout en combattant au nom de l'exigence de vérité. C'est pour cela que je n'ai pas honte de ce passé, de ma jeunesse qui portait des idéaux que je retrouve actuellement dans mon métier de journaliste. On peut avoir des convictions en tant que citoyen, mais mon devoir de journaliste est surtout de trouver des informations qui vont bousculer, y compris ceux pour qui j'ai voté. Mediapart a été très critique, à juste titre, de la présidence de Nicolas Sarkozy et nous avons souhaité qu'il soit mis fin à cette présidence qui humiliait et hystérisait la politique française, et qui surtout dressait la France contre une partie d'elle-même. Je pense notamment à nos compatriotes d'origine, de culture ou de croyance musulmane. C'est pour tout cela que nous avons émis le souhait de tourner la page. On nous a dit qu'après cela, Mediapart n'aurait plus rien à faire. Mais tout le monde a pu voir que nous restons totalement indépendants sous la présidence de François Hollande, sans aucune peur de le faire et avec la même rigueur. Et déjà, sous le règne de François Mitterrand, je faisais exactement le même travail. - Mais ne pensez-vous pas que l'objectivité, synonyme de vérité dans le journalisme, n'est en fait que l'addition de l'ensemble des plumes subjectives des journalistes militants ?
Moi justement, je n'aime pas le mot objectivité. Je lui préfère le mot honnêteté, parce qu'il y a toujours de la subjectivité dans l'activité journalistique. Vous avez choisi de m'interviewer plutôt que quelqu'un d'autre, vous allez choisir une phrase de notre interview pour titrer, etc. C'est donc un choix et c'est là où réside la subjectivité dans nos choix. Ce sont des choix subjectifs qui vont intervenir dans notre travail. Or, l'idée d'objectivité a l'air de dire que le journaliste est hors-sol. Non ! Il a une personnalité. Mais l'honnêteté est un terme préférable car il renvoie à nos règles professionnelles : savoir sourcer, recouper, vérifier, contextualiser, être précis, être rigoureux, être loyal à l'égard du lecteur. Je dis souvent que le journalisme marche sur deux jambes. La première est la jambe démocratique. Il est au service du droit de savoir du citoyen, c'est sa responsabilité. Il n'est pas au service de ceux qui l'emploient, il n'est pas au service d'une puissance supérieure. Il est au service du peuple. C'est une responsabilité sociale démocratique. L'autre jambe, elle est professionnelle. Elle doit nous rapprocher quelles que soient nos sensibilités. C'est notre première obligation, celle à l'égard de la vérité. Notre première discipline, c'est la vérification. Et donc notre premier devoir, c'est cette exactitude qui permet d'être aussi près de ces vérités de faits qui sont au cœur de notre travail. Surtout, le journaliste doit essayer toujours de penser contre lui-même. Il ne suffit pas de croire que l'on pense politiquement juste pour informer vrai. - Quand vous parlez de démocratie, vous la qualifiez de «régime de n'importe qui» où le citoyen est capable de gouverner et d'être gouverné. Quels sont donc, selon vous, les liens entre la démocratie et la citoyenneté, d'un côté, et la liberté de la presse de l'autre ?
Ma considération sur la démocratie, c'est pour souligner qu'il y a un point commun à la situation dans tous nos pays de façons différentes. Je parle de la tentation oligarchique. C'est-à-dire la tentation, y compris avec des bonnes intentions, des gens qui s'estiment mieux armés, ayant plus de moyens, plus cultivés ou plus éduqués et considèrent qu'ils peuvent mieux faire que le peuple. Ils pensent qu'ils sauront mieux faire que le peuple à la place du peuple. Je pense que cette tentation oligarchique, de plus en plus forte selon les pays, est un vrai danger. Dans les moments de troubles que nous traversons, la meilleure arme est de revitaliser l'espérance démocratique dans son principe premier. Et ceci concerne bien plus que le journalisme. On se rend compte que la démocratie – dans sa définition comme idéal toujours imparfait et difficile à atteindre – c'est, en effet, que sans privilège de naissance, d'origine, de fortune, de diplômes, j'ai le droit de me mêler. J'ai le droit de m'exprimer, de protester, de voter. J'ai le droit d'être candidat, voire d'être élu. Nous voyons que les oligarques, que ce soient des oligarques du pouvoir politique ou d'appropriation financière, nous envoient droit dans le mur. Ils n'ont pas résolu les problèmes complexes dans lesquels nous vivons. Ils ont souvent créé, dans le monde, de nouvelles situations d'inégalités, de scandales écologiques, de déséquilibres, d'injustices, de crises économiques, de prévarications, de détournements, le non-respect de la loi fondamentale, etc. Aujourd'hui, aucun pays ne peut faire la morale à un autre. On le voit bien avec toutes ces affaires que l'on révèle en France. C'est pour tout cela que la devise de Mediapart reste «la liberté de la presse n'est pas un privilège des journalistes, mais un droit des citoyens». Les politiques et les élites n'ont pas réussi à résoudre les problèmes de l'humanité, donc il faut ouvrir le débat à tout le monde pour participer à la recherche des solutions. Le peuple n'est pas stupide, il a des idées, il a des réponses, il a des exigences, il a des expériences.
- Revenons à la question de dépendance de la presse aux pouvoirs politiques et financiers. La révolution numérique, que vous défendez, a permis l'existence concurrentielle d'une vraie presse indépendante en ligne, en se libérant du pouvoir de l'argent. La presse papier peut-elle survivre sans publicité ?
Je tiens à préciser d'emblée que je ne suis pas contre la publicité en soi. On a fait Mediapart comme un modèle presque d'intégrité, puisqu'on ne dépend que de nos lecteurs. Cela marche plutôt bien, surtout en créant une valeur ajoutée. Et tant mieux pour le journalisme en général et français en particulier. Ensuite, je précise que la presse française souffre de deux faiblesses. D'une part, ses actionnaires privés ne sont pas des industriels de la presse, ce sont des marchands d'armes, des gens de l'aéronautique, du bâtiment et des travaux publics, des banques, de l'import-export, du luxe, etc. Ce sont donc des gens qui utilisent la presse pour son influence. Ils ont besoin d'avoir des journaux dans leur relation avec le pouvoir politique. Une relation de clientélisme et de dépendance. Ils ont une fortune par ailleurs, ce n'est pas avec leurs journaux qu'ils comptent faire de l'argent. Puis, d'autre part, la presse française est la plus aidée au monde. L'Etat l'aide directement, ce qui représente plus de 10% du chiffre d'affaires de la presse française, plus d'un milliard d'euros qui dépend de l'Etat, et cela a augmenté massivement sous Sarkozy. Ce qui a créé une mauvaise situation, un mauvais écosystème. Les rédactions ne s'en soucient pas, elles savent qu'il y a l'argent des capitaux et celui de l'Etat qu'elles attendent au lieu de se battre pour dire que la vitalité de nos journaux c'est d'avoir le plus grand nombre de lecteurs possible. C'est malsain. Mon débat n'est pas le refus de la publicité, mais c'est de retrouver ce qui doit être au cœur de la confiance des lecteurs : le sentiment que votre journal est indépendant, qu'il n'a pas de fil à la patte, qu'il n'est pas lié à des intérêts extérieurs à l'information, qu'ils soient économiques ou politiques. - Vous abordez aussi, dans le même cadre, le courage et le journalisme. A votre avis, quel est le journaliste indépendant le plus courageux : est-ce celui qui exerce dans un contexte médiatique info-capitaliste comme en France ou celui qui le fait dans un contexte d'autoritarisme politique comme en Algérie ?
J'ai reçu le prix Omar Ouartilane. Je pense évidemment que le plus grand courage, c'est quand les journalistes savent qu'ils risquent leur vie. Ce que j'ai compris de l'histoire d'Omar Ouartilane d'El Khabar, c'est qu'il n'a rien changé à ses habitudes, il habitait la même cité bien qu'il se sentait menacé. D'ailleurs, il a été tué un matin en allant à son travail. Voilà donc, je pense que le vrai courage c'est quand on sait que ce métier met en jeu votre vie. Mais je ne veux pas prétendre à une hiérarchie du courage. Je pense que nous sommes tous requis. C'était le message de Stéphane Hessel dans Indignez-vous ! Nous sommes tous responsables de notre liberté, où que nous soyons, à quel âge que ce soit, dans quelque situation que ce soit. Notre liberté est un formidable cadeau et nous n'avons qu'une vie. Il faut être capable de dire non. Non à l'injustice, non à l'imposture, non au mensonge. Mediapart a eu un courage ordinaire, mais il y a bien sûr le courage exceptionnel de ceux qui risquent leur vie. - Quel message adressez-vous aux étudiants en journalisme et aux journalistes algériens à l'occasion de cette Journée internationale de la liberté de la presse ?
Vous savez, l'Algérie est un pays important pour moi. C'est là, entre 1965 et 1970, que j'ai passé mon adolescence, où j'ai commencé mes études et où j'ai eu mon baccalauréat. C'est donc l'Algérie qui m'a formé. C'est un pays qui compte beaucoup pour moi. Mon message est donc double. D'abord, il faut être optimiste. Il ne faut pas se laisser prendre par la fatalité. Ne pas se dire qu'on n'y arrivera pas. Ne pas se dire que tout est bouché. Ne pas se dire qu'il n y a pas d'avenir. L'avenir, c'est vous qui le ferez. Je cite souvent un poète républicain espagnol, Antonio Machado, qui dit dans un poème : «Toi qui chemine, il n y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant.» Vous faites votre chemin, soyez optimistes. Il y a d'immenses périples, il y a d'immenses raisons de s'inquiéter et d'être pessimiste, mais il doit y avoir cet optimisme de la volonté. Deuxièmement, n'oubliez pas que vous êtes au service du peuple. C'est l'acte fondamental d'un journaliste. C'est la seule source de votre légitimité et de votre raison d'être.