Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a relevé, hier, que l'Algérie est l'un des rares pays de l'Afrique à maintenir la solidarité entre les pays de la région. « Cela s'est traduit par l'annulation des dettes de 14 pays africains », a soutenu le diplomate, lors d'une conférence animée, hier, à l'Ecole supérieure de la police Ali-Tounsi, à Alger, à l'occasion de la célébration des manifestations du 11 Décembre 1960. La rencontre a été rehaussée par la présence de membres du gouvernement, du Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, des cadres de la police et des différents corps constitués, des universitaires, des chercheurs et des représentants de la société civile. Dans son intervention, le diplomate algérien a tenu à rendre hommage aux manifestants algériens lors des événements du 11 Décembre 1960. « De Gaulle a reconnu que l'Algérie n'abdiquera jamais. La France a perdu la guerre dans les âmes des Algériens », a-t-il dit. Il a déploré le manque de la solidarité notamment entre les peuples africains, ces dernières années. « Nous n'avons plus de place comme un groupe. Des pays de l'Afrique n'ont pas confiance en leurs capacités, ce qui a permis l'influence étrangère. Il y a un manque d'échange, de travail commun et de coopération », a-t-il déploré. Toutefois, il a souligné que la coopération sécuritaire entre les pays africains est plus fructueuse en comparaison avec les pays arabes, en réponse à une question sur l'efficacité du mécanisme sécuritaire Afripol. « La situation dans notre région (Maghreb), à l'exception de la Libye, est meilleure par rapport au Moyen-Orient qui vit un désordre », affirme-t-il. Le diplomate a saisi l'occasion pour évoquer les relations entre l'Algérie et le Maroc. « Pourquoi ne pas rouvrir les frontières ? », suggère-t-il, en donnant l'exemple de l'Inde et de la Chine qui ont réussi à instaurer des relations bilatérales fortes, notamment économiques. « Le différend sur la délimitation des frontières entre les deux pays doit être mis de côté pour l'intérêt suprême des deux Etats », soutient-il. Evoquant la situation en Syrie, Brahimi a reconnu que les tentatives de réunir les parties en conflit ont échoué à cause des pays de la région. « C'est l'Iran et la Russie qui soutiennent le pouvoir, d'une part, et la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite, d'autre part. Ces pays défendent leurs propres intérêts et dans ce conflit, les intérêts du peuple syrien ne sont pas prioritaires. » Le diplomate a longuement analysé la situation dans le monde. Dans son intervention, Abdelghani Hamel a souligné que « le diplomate a décrit le profil panoramique du monde comme étant un espace marqué par le désordre, la misère, le terrorisme, le flux migratoire et d'autres facteurs de déstabilisation. Le diplomate a insisté, entres autres, sur l'opposition des valeurs. L'Afrique devant cette complexité de la situation et la montée en puissance de la violence est en recul par rapport au respect des droits de l'homme ». Et de s'interroger : « Dans quel pôle politique va se situer l'Afrique ? Peut-elle avoir un avenir avec la disparition de l'allié traditionnel du langage des relations internationales ? » Le diplomate a répondu : « Il faut travailler pour le développement de ce continent. On a les moyens. » En conclusion, Lakhdar Brahimi n'a pas manqué de féliciter la police algérienne pour « son professionnalisme, la qualité de la formation de ses officiers » ainsi que la forte présence féminine dans ce corps de sécurité qui compte 25.000 éléments féminins, soit 20% de l'effectif de la police. Neïla Benrahal Le Musée de la police baptisé du nom du colonel Lotfi Le DGSN, le général-major Abdelghani Hamel, a procédé, hier, à l'occasion de la célébration des manifestations du 11 Décembre 1960, à la baptisation du Musée de la sûreté nationale au nom du martyr le colonel Lotfi, de son vrai nom Ben Ali Deghine, en présence du diplomate algérien Lakhdar Brahimi et la famille du martyr.