Le double attentat perpétré, samedi soir à Istanbul, a fait 44 morts, en majorité des agents de la police antiémeute, et plus de 150 blessés, selon un nouveau bilan présenté, hier, par le ministre de la Santé, Recep Akdag, devant le Parlement à Ankara. Les « Faucons de la liberté du Kurdistan » (TAK), groupe dissident du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), a revendiqué la responsabilité de cette attaque. La riposte n'a pas tardé. Moins de 24 heures après le double attentat, l'aviation turque a détruit le quartier général de la rébellion du PKK dans la région de Zap (nord de l'Irak), a annoncé, hier, l'état-major de l'armée turque (TSK). « Les avions de chasse turcs ont pilonné à 24 reprises douze autres cibles de la guérilla qui ont été complètement détruites », a ajouté l'armée turque. Des membres du HDP arrêtés Toujours dans le cadre des représailles, les autorités turques ont arrêté plus de cent membres du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), a rapporté hier l'agence progouvernementale Anadolu. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment les chefs de section du HDP à Istanbul, Aysel Guzel, et à Ankara, Ibrahim Binici, selon la même source. Les membres du HDP arrêtés sont soupçonnés d'appartenance au PKK, considéré comme un groupe terroriste par Ankara, ou d'en relayer la propagande, a ajouté Anadolu. Début novembre, les coprésidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag et une dizaine de députés de cette formation avaient été arrêtés et placés vendredi dernier en détention préventive dans le cadre d'une enquête « antiterroriste » liée au PKK. Les dirigeants du HDP, deuxième parti d'opposition en Turquie, sont les deux personnalités kurdes les plus en vue à être arrêtées depuis le putsch avorté de la mi-juillet, à la suite duquel de vastes purges tous azimuts ont été lancées. Le président Erdogan considère que le HDP est étroitement lié au PKK et a fait savoir qu'il ne considérait plus cette formation comme un interlocuteur légitime, qualifiant régulièrement ses membres de « terroristes ». En mai, le Parlement turc a voté la levée de l'immunité des députés menacés de poursuites judiciaires, une mesure contestée visant notamment les élus du HDP. Par ailleurs, plus de 8.000 rebelles ont été tués ou arrêtés, depuis juillet 2015, à l'intérieur du pays et dans les raids aériens de l'aviation turque dans le nord de l'Irak, et plus de 800 membres des forces de sécurité (soldats, policiers et gardiens de village) ont été tués dans les accrochages et attaques du PKK. Ankara avait initié, en automne 2012, un processus de réconciliation avec le parti rebelle pour mettre fin au conflit armé de trois décennies ayant fait plus de 40.000 morts. Mais deux ans et demi plus tard, ce processus a volé en éclats avec la reprise des attaques contre les forces de sécurité après l'attentat-suicide de Suruç, le 20 juillet 2015. Il avait fait 34 tués parmi des sympathisants du mouvement kurde.