L'Algérie se doit de renforcer son front interne afin de pouvoir affronter la mondialisation galopante. C'est ce qu'a recommandé le diplomate et ancien ministre Slimane Chikh, lors d'une conférence, jeudi dernier, sous le titre « Interrogations sur la mondialisation : l'Etat national, la souveraineté, les valeurs et l'homme ». Lors de cette rencontre à laquelle ont assisté Abdelkader Bensalah, président de la chambre haute, et des membres du Conseil de la nation, le conférencier a explicité le concept qui reconfigure la politique, l'économie, la culture, la société et l'information. La mondialisation « représente l'ouverture des frontières et l'avènement du commerce international, de la délocalisation et de la libre circulation des hommes et des biens. Toutefois, il n'y a pas que du « bon », a-t-il souligné. La mondialisation, à l'en croire, doit nous conduire aussi à préserver notre particularité nationale pour se prémunir contre ses dangers. Comment ? En s'attachant à nos valeurs et en bâtissant un Etat fort et souverain, capable de faire face aux menaces qu'incarne une mondialisation à multiples facettes. La constitution d'un front interne fort et puissant s'avère une nécessité, selon le conférencier. « Le développement global du pays passe par une bonne formation des générations montantes », a-t-il affirmé. « L'Algérie n'est pas isolée du monde et doit être disposée à améliorer notamment le niveau de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique », a indiqué Slimane Chikh. Ce dernier a rappelé que « la mondialisation quantitative se transforme actuellement en qualitative avec des d'objectifs ciblés ». « Les pays, notamment ceux de la rive sud de la Méditerranée, doivent contrôler leur avenir en s'offrant les moyens appropriés afin de parer aux effets néfastes de la mondialisation », a-t-il clamé. Evoquant la mondialisation qui recèle aussi des aspects positifs, il a expliqué que « son objectif est d'instaurer un régime dominateur ». S'attardant sur les principales retombées de la mondialisation n'ayant pas encore livré tous ses « secrets », il abordera les moyens d'y faire face. L'Algérie « doit contrôler son avenir avant de mener le combat de la mondialisation », a-t-il souligné, ajoutant qu'elle doit « procéder, avant tout, au développement global de sa pensée qui est le principal défi ». Chikh a abordé, par ailleurs, « la nécessité de s'imprégner des valeurs civilisationnelles et de se conformer aux règles humanistes des sociétés ». A propos des questions sécuritaires, il a insisté sur le besoin d'orienter la mondialisation vers la construction et non vers la destruction. A ce sujet, il a relevé ce qu'endurent certains Etats arabes victimes d'un terrorisme ravageur. Il a reconnu que la mondialisation incarne le terrorisme menaçant la stabilité de nombreux Etats. « Elle est un instrument que même le terrorisme utilise pour détruire », a-t-il estimé. Il parlera aussi du fossé qui se creuse en matière d'échanges scientifiques et de communication qui restent l'apanage des pays développés. L'apparition de « sociétés du savoir » chez les uns fait des autres sociétés de simples et passifs consommateurs. La mondialisation a réalisé « un saut qualitatif » en matière de biotechnologie, mais aussi dans le domaine politique à travers l'émergence de « la condition démocratique » basée sur la séparation des pouvoirs, la légitimité et les droits de l'homme. Il a plaidé pour l'accompagnement de ces progrès.