Hier, à la demande de la France, les 15 membres du conseil de sécurité ont débattu du projet de résolution demandant le déploiement des observateurs, fortement réclamé dès vendredi par le président américain Barack Obama. Cette démarche qui se légitime par l'aggravation de la situation humanitaire des « dizaines de milliers d'habitants d'Alep assiégés » charge le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, d'assurer rapidement l'envoi d'un personnel humanitaire déjà présent en Syrie « pour une surveillance adéquate neutre et une observation directe » de « l'évacuation des parties assiégées d'Alep ». Comme de bien entendu, le texte ne dit sur les causes de la suspension de l'opération provoquée par le non-respect des « conditions de l'accord », dénoncé par Damas, et le blocage par les rebelles de l'évacuation des blessés des villages chiites prorégime de Foua et Kafraya, assiégés par des insurgés dans la province voisine d'Idleb (nord-ouest) constaté par le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Ainsi, l'armée syrienne n'a pas manqué de noter le recours à la provocation par les rebelles ouvrant le feu sur le convoi et tentant de sortir avec des otages et des armes lourdes. Dans le cas des deux villages de Foua et Kafraya que les insurgés ont toujours liés au sort de deux villes assiégés dans la province de Damas, Zabadani et Madaya, les divergences portent également sur le nombre de personnes à évacuer. Cependant, selon un responsable chargé des négociations du groupe Ahrar al-Cham, Al-Farouk Abou Bakr, il semble qu'un accord a été trouvé pour relancer les opérations d'évacuation des 40.000 civils et les 1.500 à 5.000 combattants ainsi que leurs familles. Une cinquantaine de bus se sont dirigés hier soir vers les deux localités chiites. Ce qui probablement augure d'une percée qui peut contribuer à la décrispation et au déblocage de la situation. Mais, les incertitudes ne sont pas totalement levées. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine s'est montré sceptique, en raison à la fois des « éléments discutables » et des modalités de déploiement des observateurs. « Penser qu'on peut le faire en deux ou trois jours n'est pas du tout réaliste », a fait savoir le diplomate russe pour mieux contester le caractère de l'urgence invoquée par la résolution onusienne. L'urgence est aussi inscrite dans le calendrier des ministres des Affaires étrangères russe, turc et iranien qui ont décidé d'avancer au 20 décembre, la rencontre prévue de longue date pour faire face aux retombées de la suspension de l'évacuation. L'évacuation d'Alep est certes une urgence humanitaire, mais elle est également confortée à l'appel lancé par le président des chrétiens-démocrates du Parlement européen (PPE), Manfred Weber (allemand, CSU), plaidant pour que l'Union européenne accueille 20.000 réfugiés syriens supplémentaires. « Pour éviter une catastrophe humanitaire à Alep », affirme-t-il. « Nous devons tenir compte du risque que le conflit s'amplifie encore. Que davantage encore d'innocents mourront », a affirmé, hier, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg réticent à toute forme d'intervention militaire. Dans les colonnes de Bild am Sonntag, il a précisé que les membres de l'Otan sont arrivés à la conclusion que « le déploiement de moyens militaires pourrait rendre l'effroyable conflit encore plus terrible ». Le message ne souffre d'aucune ambiguïté.