La prévention et le dépistage précoce sont la pierre angulaire du Plan cancer, initié par le président de la République. C'est ce qu'a réaffirmé le Pr Messaoud Zitouni, chargé de la coordination, du suivi et de l'évaluation du Plan national cancer. Intervenant, hier, au forum d'El Moudjahid, le professeur a d'abord relevé la nette augmentation des cas de cancer. « Il y a deux ans, nous enregistrions 42.000. Aujourd'hui, le nombre a atteint 45.000 », a-t-il affirmé. Il a indiqué ensuite que « les objectifs du programme ont été atteints en partie dès la première année de son lancement ». Selon lui, « l'étape actuelle reste néanmoins cruciale pour son succès ». « Les échos qui nous parviennent des malades sont extrêmement favorables », s'est-il réjoui. Il a souligné , toutefois, que « le plan a besoin de la mise en place de dispositifs et l'implication des ministères de la Santé, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ». Evoquant le premier segment du plan qu'est le dépistage, le spécialiste a indiqué que celui-ci est un axe essentiel. « Les cancers du colon et du rectum connaissent une progression », a-t-il par ailleurs constaté. Le Pr Zitouni a annoncé également le lancement d'une vaste opération de dépistage du cancer du sein et de l'utérus dans les semaines à venir. Evoquant les causes du cancer, il citera en tête le tabac dans 30% des cas, la mauvaise alimentation (30%) et les intoxications chimiques (25%). « Des régions sont plus touchées notamment dans le Sud où avaient lieu des essais nucléaires et la région de Azzaba (Skikda) où une usine de mercure était implantée », a-t-il expliqué. Il a rappelé aussi que « dans la majorité des cas, la vieillesse depuis que l'espérance de vie a augmenté est la première raison d'apparition du cancer ». « Le seul traitement passe par la prévention et la mise en place d'une politique percutante et volontariste », a-t-il clamé. Le Pr Zitouni a insisté sur la formation des médecins généralistes eu égard à leur rôle majeur dans la prise en charge médicale de proximité. Il a plaidé aussi pour la formation des intervenants sur les machines comme les accélérateurs pour éviter les pannes et assurer la maintenance. Il a évoqué la nécessité « d'évaluer les succès pour tirer des enseignements des échecs pour se corriger et améliorer la situation ». Pour ce spécialiste, la lutte contre le cancer « nécessite beaucoup de temps et un travail de prévention à long terme ». « Etablir des registres et des certificats de décès avec la cause de la mort » est une urgence. A l'en croire, il existe 14 registres très performants et un réseau pour regrouper les 48 wilayas a été installé. Le Plan national cancer a mobilisé plusieurs compétences nationales qui ont travaillé sans relâche durant deux ans pour sa concrétisation. Le plan s'articule autour de la prévention, du diagnostic précoce, de la formation et des aspects financiers. Concernant ce dernier aspect, le Pr Zitouni a rappelé que le Plan adopté par le Conseil des ministres en mai 2015 a mobilisé 180 milliards DA. Il a bénéficié d'un fonds spécial de 40 milliards DA. L'invité du forum a appelé à son utilisation d'une façon pertinente. « Il faut éviter de reproduire le scénario du fonds d'urgence débloqué il y a 15 ans. N'ayant pas été utilisé, il a été reversé dans les caisses de l'Etat », a-t-il regretté. Le Plan cancer, estime le Pr Zitouni, « est pris en charge dans toutes les régions où il y a risque de maladie et tend à la réduction du temps d'attente pour les rendez-vous de traitement par la chimiothérapie ou la radiothérapie ». « Le problème majeur pour nos malades est la douleur », a-t-il reconnu. Pour mieux répondre aux besoins des malades, des audits seront enfin réalisés au niveau des centres pour améliorer la prise en charge du cancer », a tenu à préciser le Pr Messaoud Zitouni.