L'histoire du cyberespace, même récente, s'enrichit d'un nouvel épisode, à la faveur de cette nouvelle escalade orchestrée par le président américain, Barack Obama, résolu, à quelques jours de la fin de son mandat, à « châtier » la Russie, coupable à ses yeux d'avoir interféré dans l'élection présidentielle américaine pour favoriser Donald Trump. A peine l'élection présidentielle américaine terminée, et alors que le nouveau président élu, Donald Trump, n'a pas encore pris ses fonctions, la polémique enfle, en effet, sur les attaques informatiques qui ont ciblé le parti démocrate, alimentée par une intervention personnelle du président Obama qui a placé la barre haute en promettant de « sanctionner » la Russie, sans apporter de preuves ni dire comment il compte s'y prendre. Sans aller jusqu'à soutenir que Hillary Clinton a perdu l'élection en raison des manipulations rendues possibles par ces attaques informatiques, le président américain est remonté contre Moscou qu'il accuse d'avoir orchestré l'opération pour soustraire des informations compromettantes, diffusées par la suite par WikiLeaks, le site de Julien Assange, dans le but, soutient-il, de changer le cours de l'élection présidentielle et d'avantager Donald Trump. Obama s'appuie ainsi sur des informations divulguées par l'agence fédérale du renseignement, la CIA, dont un rapport secret, commandité par le président, que la presse américaine a traité dans le détail, tend effectivement à accréditer l'idée que Moscou a interféré pour obtenir des informations, notamment des e-mails de Hillary Clinton, diffusés par la suite sur WikiLeaks. L'agence américaine confirme ainsi l'hypothèse du jeu de la Russie en faveur de Donald Trump, dont les thèses en matière diplomatique lui sont plus favorables que celles du camp démocrate réputé hostile à Moscou. Le site d'information huffingtonpost.fr rapporte à cet effet que « le Washington Post a révélé qu'une évaluation secrète de la CIA concluait que des personnes liées à Moscou ont fourni au site WikiLeaks des e-mails piratés sur les comptes de l'ancien directeur de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton, John Podesta, et du parti démocrate, entre autres », citant également un responsable américain en contact avec des sénateurs, indiquant que la « communauté du renseignement estime que l'objectif de la Russie était de favoriser un candidat par rapport à un autre, d'aider Trump à être élu ». La réaction de Donald Trump ne s'est pas fait attendre, pour dire qu'il « ne croyait pas » du tout aux informations révélées par la CIA qui, explique-t-il, utilise les mêmes procédés qui ont conclu à la présence d'armes chimiques en Irak, au début des années 2000. Pour lui, les enquêteurs de la CIA « ne savent pas si c'est la Russie ou la Chine ou quelqu'un d'autre qui a piraté des organisations politiques pendant la campagne présidentielle. Ça peut être quelqu'un dans son lit quelque part. Ils n'en ont aucune idée », a-t-il indiqué selon huffingtonpost.fr qui note également cette phrase lancée sur son compte Twxitter : « Si la Russie ou n'importe quelle autre entité avait organisé un piratage, pourquoi la Maison Blanche a-t-elle attendu si longtemps pour réagir ? Pourquoi n'a-t-elle fait que se plaindre après la défaite d'Hillary ? » Certains commentateurs américains, notamment dans certaines rédactions, sont allés plus loin en avançant l'hypothèse que le président russe Vladimir Poutine aurait lui-même conduit la manœuvre pour faire payer à madame Clinton ses prises de position sur les élections législatives de 2011, en Russie, dont elle a contesté l'intégrité allant jusqu'à appeler à des manifestations de rue. Le site huffingtonpost.fr a recueilli des informations selon lesquelles de « hauts responsables du renseignement ont assuré à NBC que Vladimir Poutine aurait dans un premier temps agi pour se venger de la candidate démocrate, avant d'élargir son objectif en cherchant à montrer au monde les défaillances de la politique américaine », écrit-il. Il est vrai que le feuilleton des révélations des e-mails de Hilarry Clinton a fortement impacté la campagne électorale : « Plusieurs d'entre eux du parti démocrate, publiés juste avant la convention d'investiture du parti en juillet, ont conduit à la démission de sa présidente, Debbie Wasserman Schultz. Ils ont aussi révélé des détails sur les discours rémunérés de Hillary Clinton devant des banquiers de Wall Street », note huffingtonpost.fr qui cite le directeur du FBI avertissant dès septembre passé qu'il fallait se pencher sérieusement sur « le risque d'ingérence d'un pays étranger dans le processus électoral américain ». Les échanges sur ce sujet sont nombreux même si pour l'heure aucune confirmation n'est venue étayer les accusations. Mais, il n'empêche que par ses propos, le président américain semble avoir contribué à faire monter d'un cran cette « guerre froide numérique » à laquelle prennent part quelques nations au potentiel informatique « redoutable », parmi lesquelles les Etats-Unis sont en tête. « La nouveauté ne se situe pas dans la découverte supposée de l'origine de ces cyberattaques (déjà communiquée), mais dans l'annonce officielle d'un président américain en exercice, de « ripostes » à l'encontre de la Russie » note le site de la télévision http://information.tv5monde.com qui cite Obama déclarant à une radio que « quand un gouvernement étranger tente de s'en prendre à l'intégrité du système électoral américain, il n'y a aucun doute, il faut agir. Et nous le ferons, au moment et de la manière dont nous le voudrons. Certaines actions seront rendues publiques, d'autres non ». Le président américain semble résolu à aller loin, ou du moins à laisser un tel chantier à son successeur, pour faire respecter un pacte international de bonne conduite sur le cyberespace. Il accepte, selon http://information.tv5monde.com, l'idée de voir s'exercer « le cyberespionnage, la pénétration de systèmes informatiques distants à des fins stratégiques ou commerciales, pratiqués par toutes les administrations gouvernementales des grandes nations », mais refuse que l'on s'adonne à « une attaque malicieuse » - selon ses mots - visant à déstabiliser un processus électoral, souligne ce site. La scène du cyberespace est effectivement riche de faits de « guerres informatiques » livrées par des puissances, pour des objectifs différents. A commencer par le fameux Stuxnet, « un ver informatique découvert en 2010 conçu par la NSA en collaboration avec l'unité 8200 pour s'attaquer aux centrifugeuses iraniennes d'enrichissement d'uranium », lit-on sur l'encyclopédie en ligne Wikipédia qui ajoute que ce « programme a été initié sous l'administration Bush et a continué sous l'administration Obama. Il fait partie de l'opération Olympic Games, et ses caractéristiques le classent parmi les APT (Advanced Persistent Threat, traduction littérale, menace persistante avancée) ». La Corée du Nord est également citée, notamment par les Américains, convaincus qu'elle était derrière certaines attaques informatiques, notamment celle qui a ébranlé le système informatique de la firme Sony en novembre 2014. « Les pirates qui ont infiltré le système informatique de Sony Pictures le 24 novembre l'ont aussi complètement paralysé. Le degré de sophistication de l'attaque, qui a effacé des nombreuses données clés sur des serveurs et des disques durs, empêche une réparation rapide des dégâts causés », écrivait alors le site du quotidien français lemonde.fr qui a évoqué la Corée du Nord comme possible piste, en raison du contenu d'un film que Sony s'apprêtait à mettre sur le marché ; « la parodie du régime actuel nord-coréen à déjà réussi à mettre Pyongyang en colère rien qu'avec sa bande-annonce diffusée en juin. La Corée du Nord avait alors promis des « représailles impitoyables » contre les Etats-Unis, souligne le site français. Il y a aussi la Chine, souvent désignée du doigt, notamment à l'occasion d'attaques informatiques sur le territoire des Etats-Unis. Le président Obama a même cité ce pays en exemple de « pays avec lequel il a su, selon lui, trouver des terrains d'accords sur les piratages en ligne », note le site de la tv5monde qui rappelle effectivement que des « militaires chinois avaient en effet été condamnés en mai 2014 par le département d'Etat de la justice américaine pour hacking informatique, espionnage économique et autres malversations dirigées à l'encontre de six acteurs industriels (américains, ndlr) du nucléaire, de la métallurgie et de l'industrie solaire ». Après quoi, les deux pays ont entamé un cycle de négociations qui a débouché sur une entente entre Washington et Pékin, au point où, « les tentatives de piratage contre des entreprises ou des infrastructures américaines depuis la Chine ont - suite à cette négociation - baissé de 90% en 2016 », selon ce même site qui voit ainsi que « la preuve est donc faite qu'en discutant entre Etats, les attaques numériques peuvent être, sinon stoppées, diminuées ». Vient ensuite la Russie, cet « ours numérique » que beaucoup considèrent comme une plaque tournante des activités de hacking informatique. « Les Russes sont en pointe en termes de piratage informatique (..), et ont remplacé les Chinois dans le tableau déclaré des nations les plus cyberagressives », écrit le journaliste du site de tv5monde en s'appuyant sur des avis d'experts confirmant la puissance informatique de la Russie. Après de Nicolas Arpagian, universitaire, rédacteur en chef de la revue Prospective stratégique et coordonnateur d'enseignements a l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) en France, il a eu cette explication : « La Russie a une grande tradition de connaissance de formation, dans le domaine des mathématiques, il est donc naturel que ça se retrouve dans le savoir-faire des forces armées russes. Même dans le domaine commercial, il s'avère que la Russie a la particularité d'avoir créée des acteurs économiques, compétiteurs de Facebook, de Google dès lors que ça fait partie de ses moyens d'actions, d'influence pour capter des informations ou pour porter des coups à ses adversaires diplomatiques ou stratégiques ». Ce nouvel épisode de la « guerre froide numérique » est porteur de nombreuses équations non encore solutionnées. En s'engageant dans une bataille informatique dont il n'a pas divulgué ni les échéances ni la teneur, Obama est-il certain d'être suivi par son successeur qui prendra les commande de la Maison Blache le 20 janvier 2017 ? Dispose-t-il de toutes les données sur les implications éventuelles de ces conflits numériques, « dans un monde de plus en plus interconnecté, et par la même, plus vulnérable à toutes les formes de piratage informatique », comme le souligne ce même journaliste.