L'Algérie est engagée dans un programme visant la relance et le développement industriels pour consolider le nouveau modèle de croissance économique. C'est ce qu'indique un bilan du ministère de l'Industrie et des Mines de l'année 2016. Le document met en exergue la politique qui s'appuie sur un programme quinquennal orienté depuis 2014 vers la poursuite des efforts de diversification et d'insertion de l'économie nationale dans son environnement extérieur, en accordant la priorité à la sphère productive pour sortir graduellement de la dépendance aux hydrocarbures. « Tous les pays qui ont changé de dimension à un moment donné ont fortement accru la contribution de l'industrie. Il s'agit pour nous de construire un nouveau modèle industriel propre à l'Algérie », a souligné Abdessalem Bouchouareb. Les réformes dans le secteur de l'industrie et des mines ont été axées sur la refonte de l'ensemble du cadre juridique et institutionnel (code de l'investissement, loi sur la normalisation, loi d'orientation pour la promotion de la PME), de la politique des filières et la diversification de l'industrie et l'exploitation minière. Ce programme s'articule autour d'actions prioritaires structurantes. Le pays vient de se doter d'une nouvelle loi pour la promotion de l'investissement qui garantit les droits des investisseurs. Le secteur public marchand produit plus de 40% de la valeur ajoutée industrielle. Il constitue un levier important du développement industriel. Par-delà les moyens importants consentis par l'Etat à leur profit, les groupes issus de la restructuration du secteur public marchand sont la solution. Cette restructuration vise la construction de groupes industriels performants pouvant évoluer rapidement vers des positions de leadership, chacun dans son secteur. D'abord à court terme au plan national, puis à moyen et long terme au plan régional et international. Aujourd'hui, les entreprises publiques économiques (EPE) sont totalement assainies et des plans d'investissement ont été consentis pour chacune d'elles. Ces fonds ne sont pas dégagés sur le budget de l'Etat, mais de crédits bancaires remboursables. Politique des filières L'infléchissement du rythme des importations dans la durée ne peut s'appuyer que sur l'investissement et l'élargissement de la production nationale. Des filières et des segments de filières industrielles présentant un fort potentiel d'import-substitution ont été identifiés. Le développement de ces filières permettra à court et moyen terme de réduire, voire stopper, les importations. C'est déjà le cas du ciment. Sa production couvre désormais la demande nationale grâce à l'entrée en production des cimenteries Biskria, Cilas et l'extension d'Aïn El Kébira, soit une augmentation d'environ 6 millions de tonnes. Ces capacités atteindront les 28 millions de tonnes en 2017. Pour les produits sidérurgiques, la production devrait, dès 2018, approcher les 10 millions de tonnes/an avec l'extension de l'usine de Tosyali à 3 mt/an en 2017, la mise en service de Bellara avec 2 mt/an fin 2017 et El Hadjar avec une production de 1,6 million de tonnes. En 2019, les projets en chantier porteront les capacités de production à 12 mt/an. Le textile affiche lui aussi un regain d'intérêt. Les investissements déclarés à fin 2015 sont de l'ordre de 107 milliards de dinars, dont 42 issus du secteur privé. Le partenariat algéro-turc est structurant pour toute la filière grâce à la réalisation d'un pôle intégré de 8 usines à Relizane. La valorisation des ressources minières permettra ainsi de substituer à court terme l'équivalent de 500 millions de dollars en substances minérales, grâce à l'ouverture de nouvelles exploitations et des plans de développement des EPE existantes avec la réhabilitation et réouverture de nombreuses mines. Dans l'agroalimentaire, une dynamique soutenue et une montée en gamme de l'industrie de transformation sont observées dans le privé, à l'exemple de la trituration des graines oléagineuses avec le lancement de quatre complexes (deux à Jijel, un à Oran et un à Sétif) pour une capacité globale de près de 5 mt/an de farine destinés à l'élevage et 1,4 mt/an d'huiles brutes. Dans la filière mécanique, les projets réalisés et/ou lancés récemment ont permis l'augmentation des capacités de production et l'élargissement de la gamme de produits. Pour le seul Groupe mécanique, les huit partenariats, tous opérationnels avec des taux d'intégration allant de 30 à 80%, ont diversifié la production de matériels et engins de nouvelles générations. Dans l'automobile, outre l'augmentation de la cadence de production de l'usine Renault de Oued Tlélat, 2016 a été marquée par l'inauguration des usines de montage Hyundai (à Batna et Tiaret) et la signature d'un important contrat avec le groupe allemand Volkswagen pour la fabrication de quatre de ses marques en Algérie.