Barack Obama - Mahmoud Abbas Pour reprendre la main au Proche-Orient d'où George Mitchell, son envoyé spécial, est revenu bredouille après quatre jours de tractations, et montrer au monde musulman qu'il n'a pas oublié ses engagements, Barack Obama convoque Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu à New York. Les Israéliens et les Palestiniens sont sceptiques. Objectif de cette réunion historique car les trois hommes ne se sont jamais vus ensemble : préparer le terrain avec les deux responsables « ennemis » à une relance des négociations, interrompues après l'offensive israélienne contre la bande de Ghaza en décembre 2008, pour aboutir à la création d'un Etat palestinien dans les deux prochaines années, d'abord, la normalisation des relations entre l'Etat hébreu et les pays arabes ensuite. Prudent, le président américain qui n'exclut pas que le sommet se termine sans déclaration commune, s'entretiendra séparément avec chacun de ses interlocuteurs, dans l'espoir de leur arracher un compromis pour relancer les négociations. Cette rencontre en marge de l'assemblée générale des Nations unies servira-t-elle à montrer sur une photo les trois dirigeants se serrant la main pour donner l'illusion d'une reprise des négociations ? Abbas avoue se rendre à ce sommet pour ne pas décevoir l'Administration américaine. «C'est une rencontre formelle qui ne signifie pas une reprise des négociations de paix avec Israël, car celles-ci dépendent de l'arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, conformément à la feuille de route adoptée en 2003», dit-il estimant que le processus de paix est «bloqué». Avant de se rasseoir à la table des négociations, dit-il, Israël doit cesser son expansion dans les territoires et s'engager à atteindre une solution permanente, sans échappatoires intermédiaires, pour tous les problèmes de fond, y compris le tracé des frontières, l'avenir d'El Qods et le retour des réfugiés palestiniens. Netanyahu qui est disposé au mieux à geler la colonisation juive pour quelques mois, neuf au plus — «la construction continue et continuera», dit-il, parle d'un «sommet symbolique». «Les conditions pour une relance des négociations formelles ne sont pas mûres», explique son bureau mettant ce manque de «maturité» sur Mahmoud Abbas qui ne «voudrait» pas des progrès en posant des conditions préalables comme le gel de la colonisation qu'il ne soulevait pas dans le passé. Comme ses prédécesseurs, le Premier ministre israélien qui pourrait reprendre des négociations sans limites dans le temps et surtout sans conditions préalables des pourparlers et même envisager une Palestine à frontières temporaires, refuse de traiter d'El Qods et des réfugiés tant que les Américains ne feront pas pression sur les responsables arabes pour normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu. Dans un premier temps sur le Qatar, Oman, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie pour qu'ils rouvrent leurs représentations commerciales à Tel-Aviv et dans un second temps sur les autres pays pour les amener à oublier leur appel à un retrait total israélien de «tous les territoires de 1967» comme mentionné dans le plan de paix arabe adopté en 2002 à Beyrouth. Le président américain qui a promis de ramener la paix entre Israéliens et Palestiniens ne désespère pas de réussir son pari avant la fin de son mandat pour se représenter à la Maison-Blanche si les deux parties prennent leurs responsabilités. Ira-t-il jusqu'à opter pour un ton plus intransigeant avec Benyamin Netanyahu ? Selon plusieurs analystes, le président américain, qui doit dévoiler demain aux Nations unies les grandes lignes de son initiative de paix pour la région, soit la veille de la réunion du quatuor, qui estime que la situation au Moyen-Orient est «à une étape critique», ne peut que travailler pour l'après-Netanyahu, maintenant qu'il est privé de tout argument de poids pour demander aux Arabes qui ont applaudi son discours du Caire, le 4 juin dernier, de consentir plus de «sacrifices» pour la paix. «Il y va de la paix dans la région et dans le monde si Israël poursuit la colonisation tout en prétendant espérer la paix».